mardi 1 mai 2007

La marraine Sergent est de retour chez Tatie

Les 27, 28 et 29 avril derniers, Marianne Sergent effectuait son retour au théâtre de Tatie dont elle est la marraine. Cette passionnée d’histoire qui aurait voulu en faire son métier revient pour nous livrer ici une revue de presse détonante et enlevée. Interdite de télévision pendant plus de 25 ans pour avoir osé effectuer son sketch sur la recette de la fellation au théâtre de l’Empire, elle n’a pas perdu à cinquante ans passés son franc-parler et sa diatribe contestataire. Féministe et politiquement impliquée, jamais elle ne s’est permise de monter sur scène par narcissisme.
Dans ce spectacle haut en couleurs qui se module en fonction de l’actualité, les sketchs et caricatures s’enchaînent dans un rythme effréné entre la lecture de quelques pages du journal du jour. Les journalistes en prennent d’ailleurs pour leur grade lorsque leurs papiers aussi vides de sens qu’illusoirement brillants provoquent franchement l’hilarité. Reprenant quelques sketchs interdits à l’époque, elle revêt un temps la robe d’avocate en prônant le pour afin d’affirmer le contre. Elle s’amuse tour à tour à jouer un individu raciste, à raconter avec ironie l’histoire du papa de Nicolas (Sarkozy, bien entendu), émigré Hongrois et interprète son célébrissime et désopilant sketch sur la recette de la fellation. Changeant avec génie de tonalité comme de costume, elle nous fait passer du rire au frisson en clôturant sa représentation par un poème émouvant écrit de sa propre main. Elle y prône avec douceur et sensibilité l’amour infini de l’humanité et la liberté de chacun. Preuve qu’au jeu de la critique, l’amour de l’autre occupe une place essentielle.
Un one-woman show paradoxalement assassin mais tendre. Un texte sans langue de bois qui décrit avec justesse et humour les dérives actuelles de la politique, de la justice, de l’économie, du star system et du sexe. Une galerie de portraits dans lesquels chacun pourra incontestablement y reconnaître certains de ses travers. En bref, une heure trente de pur plaisir où l’on rit copieusement de cette critique si juste et nécessaire des grands archétypes de notre société contemporaine.
Retrouvez la au festival Off d’Avignon (du 6 au 28 juillet) avec son nouveau spectacle Trente ans de carrière sans passer chez Drucker à la Chapelle du collège de la salle. One woman show qui sera par la suite joué à Paris, si Avignon lui offre succès et reconnaissance. N’hésitez donc plus, cette humoriste dont les années n’ont que bonifié le talent vous fera rire, indubitablement.

Rencontre avec cette artiste humble et sincère à quelques heures de son retour sur les planches du théâtre de Tatie:

Quel est le but, le message lancé par ce one woman ?
Dans ce spectacle, il y a une volonté de lutter contre le racisme, contre les procédés barbares de la corrida et d’encourager les individus à lutter pour la planète. Tout ce qui est dit est véridique. Et si le jeu de comédien me pousse à extrapoler, ce n’est que pour mieux rendre compte de ce que j’ai ressenti face à tel ou tel évènement. Et plus généralement, dans tous mes one woman show je souhaite que les gens garde le goût de l’absolu. Je leur dis qu’il faut s’aimer tous ensemble et aller dans la vie en avançant. Il faut savourer ses années. Je veux aussi dénoncer l’économie capitaliste et la place des femmes. Il est important pour une femme de montrer que l’on peut vivre de ce métier pendant 30 ans.

Vous écrivez vous-même vos textes. Comment se passe cette étape de la réalisation d’un one woman show ? Visualisez-vous la mise en scène en écrivant ?
Je ne suis pas une grande imaginative donc j’ai toujours du mal à trouver mes sujets, mes entrées. Par exemple, pour mon spectacle sur la Commune, je maîtrisais le sujet mais j’ai mis du temps à trouver comment l’appréhender. Pour la mise en scène, c’est très variable. Disons que je pense toujours au public, c’est pour moi l’essentiel.

Est-ce que le sketch qui vous a valu trente ans d’interdiction de télévision est mieux reçu aujourd’hui ?
A l’époque de ce sketch sur la fellation, j’avais 25 ans et j’avais déjà eu d’autres problèmes avec d’autres sketchs. Ce soir là, c’était au théâtre de l’Empire et il y avait tous les cadors du petit écran, Drucker, Martin…Aux répétitions, ils m’avaient dit de ne pas jouer ce sketch, mais tous mes amis étaient dans la salle et c’était ma deuxième télévision, j’ai voulu les épater. Et paradoxalement, c’est le sketch que l’on me réclame à chaque fois aujourd’hui.

Les mots sont des gadgets avec lesquels vous jouez allégrement. Est-ce par amour des mots ou par amour du jeu ?
Plus par amour des mots mais j’aime le jeu aussi. Par amour de la langue Française aussi. J’aime dire des choses énormes avec beaucoup de facilité…

Quelles sont vos perspectives d’avenir ?
Le one woman show est limité dans le fond. Les années passant, j’ai eu envie d’autre chose. Même si ma réputation s’est faite là-dessus, je désirais faire de vraies pièces de théâtre. C’est ce que j’ai réalisé avec « La Commune ». Je veux aussi me diriger vers le cinéma. Pour cela, je vais reprendre contact avec mes amis Auteuil, Bacri…J’ai aussi fait un livre et un cd il y a quelques années qui ont été interdits. Je souhaite relancer le livre après le festival d’Avignon, en espérant que mon spectacle y soit bien reçu…

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