mardi 26 février 2008

A la découverte de ..... Glorianes


A onze kilomètres de Vinça, perdu entre cimes et nuages, se niche Glorianes. Un petit village de quelques âmes, à 600 mètres d'altitude et faisant face au Canigou - montagne sacrée des Catalans.
De Glorianes, beaucoup connaissent le nom mais bien peu le lieu. Certains auront bien entendu parler de cette sorcière - surnommée "la picote" - qui y vivait, d'autres auront été intrigué par la "maison blanche" - comme on l'appelle ici - d'un certain ambassadeur, visible depuis Vinça. Pourtant, peu se risquent à emprunter cette sinueuse route, infranchissable à pied et ardue en voiture.
Or, Glorianes regorge de trésors. En véritable écrin de sérénité, ici seuls les chants d'oiseaux, les meuglements de vaches et les tintements des clochettes des moutons composent le bruit ambiant. Les quelques ruelles - souvent désertes - mènent à la petite chapelle romane et aux quelques habitations. Des demeures d'où s'échappe, par la cheminée, une douce odeur de feu de bois. Un effluve qui se mêle à celui des différents conifères et herbes folles entourant les nombreuses ruines. Vestiges llosés envahis de pensées sauvages qui font songer à ce qu'il est bon de vivre en pays Catalan!


lundi 25 février 2008

Le « Genty » magicien au pays des merveilles

Boliloc
(c) Philippe Genty

Le 7 février dernier, Philippe Genty revenait au Théâtre Toursky à Marseille pour présenter son dernier spectacle, Boliloc.

Comme les autres réalisations de l’artiste, Boliloc oscille entre réalité et illusion tant dans le fond que dans la forme. Associé pour l’occasion à l’acteur Christian Hecq, Philippe Genty nous plonge dans un monde fantastique ou le tangible copie le fantasme…à moins que ce ne soit l’inverse. Alice, l’héroïne de Boliloc, gravite d’univers en univers avec la légèreté du rêve. Des boîtes mouvantes où se logent des marionnettes caractérielles à cette salle d’opération où deux comédiens pénètrent les entrailles d’Alice, jusqu’au tableau où chacun virevolte à deux mètres du sol dans un paysage lunaire ; tout est rêverie, émerveillement et douceur.

Sensible et tendre, Boliloc laisse aussi le champ libre à l’imagination du spectateur. Comme Philippe Genty le dit si justement : « La scène devient le lieu de l’inconscient ». Les métaphores et seconds sens sont légion lorsque l’émotion rime soudain avec introspection. Bien plus qu’une pièce de théâtre, Boliloc - en véritable expérience - se vit. Peut-être est ce pour cela que les mots laissent bien démunis pour raconter ce spectacle... En virtuose de la chimère, Philippe Genty use du visuel pour usurper la réalité : des têtes d’hommes sans corps sautent, volent et retombent, des marionnettes prennent la parole et par là même leur liberté... Chacun retrouve alors son âme d’enfant et le regard émerveillé de l’âge tendre.

Subtil, léger et enivrant, Boliloc est une cure de bonne humeur d’où chacun sort avec le sourire, sans trouver les mots pour expliquer ce sentiment. Comme dans un conte pour enfants, les images captivent en faisant perdre les mots…et les maux. Dès lors, le prénom de l’héroïne prend tout son sens ! Nous sommes bien au Pays des merveilles

vendredi 15 février 2008

Le Oogie : un lieu insolite sur le Cours Julien


Au 55 cours Julien à Marseille est implanté le Oogie. Un « concept-store » vintage qui oscille, depuis sa création en 2006, entre style rétro et contemporain.

« Je peux vous aider ? » demande un des serveurs. La question sonne comme la preuve de la surprise provoquée par le lieu. En plein cœur d’un quartier populaire de la ville, où se jouxtent bars typiques et autres pmu, le Oogie se distingue. Pas seulement une brasserie-restaurant, ni totalement une boutique, pas exclusivement un salon de coiffure, ni simplement un cybercafé. Il est un peu tout ça... Certains y dinent à 16h tout en regardant un dvd sur l’écran mural, d’autres discutent au son des musiques rétro et électro tandis que les derniers essaient des vêtements avant de filer à l’étage « Chez Joce » se faire couper les cheveux ! Tout se conjugue et se complète étonnamment sur les 400m² parfaitement agencés que compte le lieu. Bien qu’insolite, le Oogie est épuré, lisse et ordonné.
Ici, le mobilier actuel aux coloris vitaminés, les peintures abstraites et le matériel hi-fi dernier cri côtoient les livres sur le pop art, les vêtements vintage et les vieux vinyles. Le Oogie déroute mais ne manque pas de style ! D’ailleurs, ses occupants – employés ou clients – n’en manquent pas moins. Jean slim et t-shirts près du corps à l’appui.
Le personnel, particulièrement jeune, est au petit soin de ses chalands. Les « Ca va, ça vous a plu ? » résonnent constamment sans pour autant devenir outranciers et le tutoiement est de rigueur. Néanmoins, ici on vide soi-même ses restes dans le récipient prévu à cet effet.
Dans ce lieu atypique, les univers se côtoient - cuisine ouverte sur la salle, puits de lumière pour une vue en contre-plongée du salon de coiffure – et rien ne vient briser l’harmonie de l’espace, même pas quelques effluves de nourriture ou des prix excessifs.
Sorte de téléportation géographique et temporelle, on s’attendrait presque à voir ici Andy Warhol surgir de sa boite de soupe Campbell et Charlie Chaplin de son chapeau melon.

mercredi 6 février 2008

Rencontre avec…Richard Martin


« Allumer des feux et faire se rencontrer des Hommes »

Solliciter Richard Martin - directeur du Théâtre Toursky, de l’IITM France (Institut International du Théâtre Méditerranéen) et initiateur du projet Odyssée - pour faire de lui un portrait lorsque vous le connaissez quelque peu, c’est se voir offrir une de ses accolades franches, amicales et enjouées, et vous entendre dire « Mais tu n’as plus besoin de moi pour écrire mon portrait ». Richard, c’est un peu ça…Un brin de tendresse et de complicité, de la sensibilité à foison, un rire d’enfant, un regard utopiste aussi – tantôt réjoui tantôt affecté – un bout d’enfance dans un corps d’homme, un paradoxe qui le rend proche et intimidant à la fois. Un tantinet insaisissable et sauvage donc ; Richard Martin est avant tout un homme de théâtre engagé. Dès lors, esquisser son portrait prenait ici le visage d’une évidence.

Euroméditerranée, opération liée au processus de Barcelone créé en 1995, intègre en son sein un pan culturel et humain. Un chapitre visant à promouvoir le dialogue entre les cultures. Idée si chère à Richard, qu’il a su déployer au travers de ses Odyssées - ces biennales homériques - parcourant depuis 2001 l’Europe et la Méditerranée. Triturant délicatement l’emballage du sucre venu édulcorer le café que nous buvons ensemble, il me confie ne pas croire au pouvoir esseulé d’instances nées pour susciter le dialogue interculturel. L’homme reconnaît les retards pris par la politique et répond à ce sursis que « L’essentiel sera toujours porté par les Hommes […], sinon les petites choses qui se font ne sont que ponctuelles, conjoncturelles et ne cimentent pas grand-chose ». Richard croit avant tout en l’humain et reste persuadé que « la raison aura raison ». Pour cet artiste éclairé qui érige le rêve comme droit de l’Homme, l’Odyssée ne doit être que « le tremplin vers de nouvelles rêveries ». Ces rêveries nourries par l’art, ce liant des rencontres humaines. Continuant de s’amuser en roulant le même papier autour de son index - le regard tantôt sur la table tantôt dans le mien - le ton est réfléchi autant que l’attitude est méticuleuse. Occuper le geste pour mieux laisser voguer l’esprit au gré de mes interrogations. Celui qui « travaille à ce que l’homme qui ne sait pas, finisse par savoir », prend une voix mêlée de dérision et d’espoir lorsqu’arrive mon ultime requête. Et au centre de tous tes projets Richard, comment te définis-tu ? : « Je suis un poète qui a oublié d’écrire »…Silence…Puis d’ajouter « Nos poèmes on les écrit avec des bateaux. Ma vocation est d’allumer des feux et de faire rencontrer des hommes », avant de parachever le sourire aux lèvres « Les poètes me donnent l’allumette et moi je suis le grattoir ». Un brin caustique, une larme d’inquiétude, un filet d’autodérision et un soupçon d’espièglerie, tel est l’insolite mélange de cet homme au grand cœur prêt à tout pour poursuivre ses idéaux résolument humanistes et « donner l’impulsion de la rencontre et de l’échange à ceux qui sont loin de ça».

samedi 2 février 2008

Billet d'humeur


Une « République »…Non, un Empire !

Marseillais ! Vous n’êtes pas sans savoir que la rue de la République se métamorphose depuis 2004. « L’un des plus vastes chantiers de rénovation urbaine en France » selon Euroméditerranée, qui comprend entres autres une réhabilitation de l’habitat. Un lifting en profondeur mené par la Communauté urbaine Marseille Provence Métropole présidée par Mr. Jean-Claude Gaudin ; avec comme nouveaux propriétaires et gestionnaires, Marseille République pour l’habitat et ANF Eurazeo pour les commerces. Un bien remarquable projet faisant écho au sondage TNS-SOFRES conduit en juin 2005 qui concluait que 88% des Marseillais jugeaient la réhabilitation nécessaire. Un échantillon de population dont nous ne saurons rien pour un sondage portant le masque d’une fausse bonne conscience manifeste! Mais une rue, si c’est bien sûr du bâti et des commerces, c’est avant tout des habitants, une histoire, une ambiance, un esprit. Pourtant, rien ou si peu n’est dit sur le devenir de tous ces habitants contraints de se reloger ailleurs. Des locataires et propriétaires, très attachés à leurs appartements au point de s’y succéder de générations en générations. « Nous voulons la mixité sociale. Avant, il n’y en avait pas rue de la République, puisqu’il n’y avait que des habitants pauvres » s’exclamait en 2006 Eric Foillard, PDG de Marseille République. Malgré une volonté de réaliser des logements sociaux, c’est bien la mise sur le marché d’habitats « de qualité » qui intéresse les protagonistes ! Des logements accessibles à qui ? Quelle riche mixité que celle en devenir…D’autant que les méthodes d’expropriation employées sont clairement scandaleuses ! Interdiction de renouvellement de bail ou encore dépossessions impromptues pendant l’absence de certains…Une réfection emblématique de la déconfiture d’une politique de logement dirigée sur Marseille depuis dix ans : allongement des demandeurs de logements sociaux, fracture nord-sud, engagement à la spéculation pour les couches aisées…. Celle qui porte fièrement le nom de République peut bien reprendre aujourd’hui celui d’Impériale ! Ce nom qu’elle portait au XIXème siècle jusqu’à son réaménagement raté, dans le seul but d’attirer au centre ville la bourgeoisie marseillaise. Inexorablement, les échecs des politiques de logement passées ne semblent pas servir de leçon ! De la République à l’Empire, du pouvoir consubstantiel du peuple à la segmentation des classes, du social au profit… Rue de la République, une artère qui décidemment chemine à contresens !!