samedi 5 juillet 2008

Une chanson à jamais gravée...

Pour chacun d'entre nous, la musique – comme parfois certaines senteurs - renvoie toujours à des souvenirs. Il y a ainsi certaines chansons qui évoquent l’enfance, d’autres des changements dans nos vies…Quoi qu’il en soit, des moments de gaieté ou de mélancolie qui resteront gravés à jamais. Jammu Africa, du chanteur sénégalais Ismael Lo, est une de ceux là... Découverte il y a peu au Maroc, lors du Festival des musiques sacrées de Fès, elle m’a bouleversé et me chamboule encore. Elle reflétera pour toujours des moments de partage avec mes frères de l’autre rive et l’image de l’Afrique, ce magnifique continent – peut être le plus riche culturellement et humainement – qui sortira un jour, je l’espère, des conflits qui le divisent pour trouver l’expansion qu’il mérite et pour laquelle il possède les richesses nécessaires.

A tous ceux qui ne connaissent pas encore cette chanson, venez là découvrir. Pour ceux qui là connaissent déjà, ne vous en lassez pas. Et pour ceux qui savent à quels souvenirs cette musique renvoie, je reviens bientôt !

Découvrez Ismaël Lô!




mercredi 28 mai 2008

Remise de prix


Et une récompense, une...
Voici Sébastien Gavini, rédacteur en chef du quotidien gratuit Aufait basé à Casablanca (où je suis en stage actuellement), venu recevoir la récompense du journal.
Aufait a obtenu le prix du meilleur quotidien gratuit casablancais des Trophées de la Pub et des Médias décernés la semaine dernière à l'ESIG (Ecole Supérieure Internationale de Gestion).
De quoi donner du baume au coeur pour un projet qui vaut la peine d'être encouragé!!!

Pour découvrir : www.aufaitmaroc.com

jeudi 22 mai 2008

Supplément Auto-Moto



Le 15 mai 2008, Aufait a sorti son premier supplément... Il s'agit d'un supplément auto-moto à l'occasion du salon de l'auto à Casablanca. Sécurité routière, nouveaux modèles, univers de la moto et même du bateau y sont explorés.

Pour les intéressés, le lien ci-dessous y conduit. Bonne lecture!!!

Prochain supplément spécial MRE (Marocains résidant à l'étranger), sortie prévue début juillet.

samedi 26 avril 2008

Départ au Maroc


Un mois de silence sur "Vie en kaleidoscope" pour cause de mémoire de fin d'étude...
Mais, ouf...Celui-ci est enfin fini, rendu!!!
Je pars ce soir direction Casablanca, pour un stage de deux mois au journal de presse quotidienne gratuite Aufait, le premier quotidien d'information générale au Maroc.
Je ne sais pas si le temps me permettra d'enrichir encore et encore ce blog, mais sachez qu'à présent, vous pourrez me retrouver sur www.aufaitmaroc.com où le journal est téléchargeable en pdf ; et par là même découvrir ce support qui mérite que l'on y porte intêret!
Bonne lecture à tous...

mercredi 26 mars 2008

Boule de Suif

Fresque historique d’une bourgeoisie corrompue

Après trois semaines de spectacles, le Festival Russe proposé par le Toursky s’est achevé le 16 mars avec l’ultime représentation de Boule de Suif, version opéra bouffe. Une mise en scène originale et cadencée, de Vladislav Pazi, interprétée avec panache par les comédiens du Théâtre Dramatique d’Etat de Saint-Pétersbourg.
Boule de Suif…qui ne connaît pas, ne serait-ce que de nom, cette œuvre majeure de Maupassant. L’histoire prend place en France, en pleine guerre franco-prussienne, et l’armée nationale complètement décimée ne peut retenir l’envahisseur. A Rouen, une diligence fuit alors vers le Havre avec à son bord, marchands, notables, bourgeois et Boule de Suif. Elizabeth, ou Boule de Suif – surnommée ainsi à cause de son embonpoint – est une prostituée. Mise d’emblée à l’écart du groupe qu’elle accompagne, elle regagne seulement un intérêt pour ses congénères lorsqu’elle peut les aider. Pris en otages par les prussiens, elle sera ainsi contrainte – par la pression de la masse - d’offrir son corps comme rançon pour libérer le groupe de l’emprise de l’ennemi. La liberté ou l’honneur sont les deux règles contradictoires de ce jeu. « Il ne faut jamais résister à ceux qui sont plus forts », lui répètera l’un des français jusqu’à ce qu’elle cède. Pourtant, une fois la mission accomplie, loin de la remercier pour son dévouement, plus personne ne lui adressera la parole. Il ne lui restera plus que les pleurs et le désespoir comme unique compagnie.
Ainsi, Boule de Suif - la dévoyée - se révèle finalement bien plus honnête et altruiste que ces bourgeois indélicats, aux valeurs inexistantes. Dans cette fuite aux multiples rebondissements, ce convoi devient le centre du monde. A la fois symbole de l’hypocrisie, de l’hégémonie des faux-semblants et de la fausse bonne conscience de la bourgeoisie ; Boule de Suif dépeint le tableau de toute une époque.
Un tableau esquissé ici sur un ton espiègle et allègre qui redonne une deuxième jeunesse à l’écriture de Maupassant. Ce Boule de Suif là est un mélodrame clownesque où se mêlent pathétisme et quolibet. Il commence sur un plateau où règnent une atmosphère rougeoyante, un rouge d’enfer et de sang pour une France arrogée. Puis tout le spectacle continue de la sorte, éclairé par des lumières vives et égayé par des costumes très colorés. Boule de Suif est presque impressionniste par ses couleurs, un peu comme un feu d’artifice. Par le jeu des comédiens et la rapidité des bouleversements émotionnels, il devient plutôt expressionniste.
Impressionniste ou expressionniste, que l’on ait aimé ou pas… ce Boule de Suif est indéniablement représentatif du théâtre russe et de ses coutumes de mise en scène et d’adaptation. Comme bien souvent les russes y parlent d’eux-mêmes : « Les russes sont d’horrible pêcheurs qui se repentent en permanence » ; tout comme ils mettent le théâtre en abyme : « Ce n’est que dans les mauvaises pièces que les gens sont ou gentils ou mauvais », « Je suis un incorrigible comédien sincère ». Et comme à l’accoutumée, la fin de la pièce est similaire à son commencement, comme une manière de "boucler la boucle". Les mobiles utilisés – sortes de grandes boites noires sur roulettes -, sont eux-aussi des outils scénaristiques récurrents dans les mises en scène russes et permettent d’adapter à volonté l’espace scénique à volonté. Servant tantôt de cachette, de diligence ou encore de prison lors de l’arrêt du convoi par l’armée prussienne ; ces boîtes mouvantes constituent l’élément fondateur d’une mise en scène dynamique et enlevée.
L’éminence de l’orchestre, mené par un tout jeune chef, est également à noter. La musique est en parfait soutien de la mise en scène et de l’histoire, évoquant tour à tour l’inquiétude, la joie, la mélancolie ou encore l’intrigue. A ces sentiments se mêle également l’humour. Un humour populaire, parfois rustique et grossier, mais toujours hilarant qui fait même danser, telles des pitres, les religieuses de la pièce.
Ce Boule de Suif revisité est assurément une œuvre brillante qui porte un regard inquisiteur, en finesse et émotion, sur la moralité des Hommes et leur liberté individuelle dans une société aux mœurs corrompues. Au sortir du spectacle, on se dit - malheureusement – que les dérives décriées par cette pièce là rendent intemporelle…

mardi 11 mars 2008

Paris en chansons

J'ai découvert la semaine dernière un Paris métisse, aux mille visages et émotions...

Une ville où se côtoient dans une étrange proximité et indifférence la France d'en haut et la France d'en bas. Une ville historique aussi, que l'on a l'impression de voir en noir et blanc - comme un film vieilli. Une cité que l'on traverse en fredonnant spontanément les airs connus qui là célèbre, de là est née l'idée de la vidéo qui suit : Paris en chansons...

lundi 10 mars 2008

Voyage à Paris - Carnet de bord 4 et fin

Le 06 mars :

Ce petit matin parisien sent la fin d’un fort agréable séjour…Le café coutumier et matinal se boit aujourd’hui Porte de Clignancourt, près de chez Rachel.


- 08h30, Station Luxembourg…


Aux alentours de 8h30, je prends la direction du métro, prendre la ligne 4 – celle qui parcourt Paris du nord au sud – jusqu’aux Halles. Une fois arrivée, j’opte pour le RER B afin de rejoindre le jardin du Luxembourg. Plus de dix ans que je n’avais pas pris le RER et j’ai l’impression que c’était hier, si ce n’est que je suis étonnée que les rames soient un étage plus bas que le métro, sous terre. Le sous-sol parisien doit véritablement ressembler à un grand gruyère ! Dans la rame, un homme – que je vois d’abord arriver hésitant - se met à faire un discours tout en faisant la manche, je retiens une phrase parmi ses paroles : « Moi, on peut dire que j’ai longtemps fait partie de la France d’en bas, maintenant je suis de la France d’en dessous ». J’ai la vague impression d’avoir déjà entendu la formule, qu’importe, elle a son effet et son sens. Qui peut dire aujourd’hui qu’un jour, il ne fera pas partie lui non plus de cette France là. Celle qu’on ignore trop souvent pour ne pas voir une vérité qui nous effraie. « Luxembourg » dit la petite voix, je descends de la rame et sort à l’air libre, face au dit jardin. Le Jardin du Luxembourg est un jardin bien à la française…Autant celui des Tuileries m’a séduit, autant celui-ci me laisse de marbre…Trop lisse, impersonnel. Les joggeurs, eux, semblent nombreux à s’en servir de stade. Ils ont tout âge et courent en cadence. Je me demande où ils vont chercher ce courage pour courir avec un temps pareil ! De l’autre côté du parc, entre quelques haies, dans ce qui forme une mini clairière, d’autres s’adonnent à une séance de yoga matinal. Mais du yoga avec polaires et bonnets s’il vous plait ! En sortant du jardin, côté Sénat, j’entends des clapotis dans l’eau de la Fontaine Médicis. Ebahie, j’aperçois subitement une énorme carpe sortir la tête de l’eau ! Je me dis qu’elle a une chance infinie d’être là car elle ne sera certainement jamais pêchée ; mais aussi que je viens de louper une photo insolite. Patientant un peu, l’œil sur l’objectif, je repars finalement bredouille…Mauvaise pêche ! Décidée à parcourir le quartier Latin et à voir le Jardin des Plantes, qu’un certain thé pris à l’Institut du Monde Arabe m’a empêché de découvrir hier, je pars direction la Sorbonne.



- 10h00, De grandes femmes sur la place des grands hommes :



Je déambule dans le Quartier Latin, au cœur du 5e arrondissement parisien, je me perds maintes fois puis me retrouve finalement à bon port. Comme le secteur des Halles, le quartier Latin est un sacré labyrinthe. Un dédale qui forme une petite colline en surplomb de la Seine. Comme à Montmartre, les rues y sont toutes pavées. Devant la Sorbonne, je ne ressens rien si ce n’est que ce lieu d’étude ne m’attire finalement pas plus qu’un autre. Je presse le pas vers le Panthéon, les heures filent vite et je dois être de retour à 12h30 afin de manger avec Rachel et prendre le train, gare de Lyon. Me perdant à nouveau et tournant à deux reprises en rond, j’entrevois enfin le Panthéon. Majestueux monument que je visiterai, une prochaine fois, faute de temps… En cette période de la journée de la femme, il propose actuellement une exposition sur les femmes qui ont marqué l’histoire. De grandes femmes sur la place des grands hommes...Photos en boite, je trace en direction du Jardin des Plantes. Une fois à l’intérieur, je découvre, surprise, qu’il est immense. Bien différent du seul jardin des plantes vu jusqu’alors, celui de Toulouse. Et oui, je sors de ma province moi, comme disent les parisiens. Il y a la capitale…et la province. Deux univers à ne pas confondre, attention ! Ici les arbres ont plus de 300 ans, il y a un zoo, des jardins de cultures et des expositions…Gigantesque et agréable, je n’aurais pas le temps d’en profiter suffisamment. Je sors et tombe face à la Mosquée de Paris, que l’on m’avait conseillé, la veille, d’aller voir. Evidemment (et malheureusement), l’entrée pour les femmes est proscrite mais je me console en faisant des photos et en admirant l’architecture orientale, dépaysant…Contemplant le minaret, une vieille dame m’accoste, m’extirpant de mes songes dans un sursaut de défense. Gênée et étonnée, elle met confusément sa main devant sa bouche qui dessine dans le même temps un sourire taquin. Le temps d’une seconde, cette vieille dame toute petite, dont la tête est recouverte d’un de ces plastiques protégeant de la pluie, me fait penser à une enfant. La confusion passée, elle m’explique vouloir simplement me renseigner et me dit que pour des photos, le minaret est davantage visible depuis la rue adjacente. Je la remercie et suit le conseil. Vraiment étonnante cette mamie et sa spontanéité ! Après quelques prises de vue, l’heure est à présent au repli vers les Champs-Elysées. Métro station Gare d’Austerlitz, j’innove et emprunte une nouvelle ligne, toute fière de ne pas m’être perdue dans le métro parisien… Repas rapide au Quick avec Rachel et bilan de deux jours et demi passés bien vite ! C’est décidé, je reviendrai…



- 13h25, sur le retour – direction Gare de Lyon :

La fatigue de ces jours intenses m’assaille et, dans la chaleur du métro, je frise l’endormissement. Je l’évite, certainement grâce à ce trentenaire dévorant goulument ses hamburgers à la chaîne, sa gloutonnerie absorbe mon regard, malgré un léger dégoût. Arrivée Gare de Lyon, j’ai le sentiment que j’étais là hier, ici-même, et ressors sur le Parvis, un café à la main. Dans vingt minutes, départ pour Marseille, j’ai le temps... J’aperçois alors – comme un signe – que le nom de Marseille est gravé dans la pierre d’un bâtiment faisant face à la gare. Je prends la photo comme preuve de ce qui n’est pas une hallucination. Mon TGV est annoncé, j’y vais d’un pas incertain dû à des jambes épuisées. A l’intérieur, je pose mes bagages et sans comprendre plonge dans un profond sommeil rempli de songes. Je me réveille à hauteur d’Avignon, deux heures et demies plus tard, comme au sortir d’un doux rêve parisien…


dimanche 9 mars 2008

Voyage à Paris - Carnet de bord 3

Le 05 mars :

Aujourd’hui, ce sera Montmartre !



La journée commence par un café Rue Magenta, à Barbès. On est bien loin du Paris des quais de Seine, mais je me sens mieux ici d’autant que les commerçants et cafetiers sont forts sympathiques ! Davantage qu’à Marseille me dis-je…Je longe ensuite le Boulevard Rochechouault que l’on pourrait appeler Boulevard Tati, tellement ces magasins sont ici nombreux. Au hasard d’une ruelle, le dôme du Sacré Cœur, qui m’avait tant plu il y a dix ans, se dévoile ! Je bifurque dans sa direction. C’est vraiment très beau, d’autant que le soleil est au zénith. Une fois en haut et quelques photos en boite, je rentre dans la basilique. Etrangement émue par le calme du lieu, je dépose un cierge, moi qui ne suis même pas baptisée. Pourtant, il y a vraiment quelque chose dans ce lieu qui m’envahis…Beaucoup de gens prient, yeux ouverts ou fermés, mains croisées ou pas, la conviction toujours présente assistée parfois d’une tristesse dans les yeux de certains. Je me dis alors que la vie n’est vraiment pas facile pour tout le monde et repense au sdf aperçu hier sur la bouche de métro, aux Champs-Elysées. Je ressors enfin de ce lieu magique, avec un drôle de sentiment entre tristesse et bonheur…M’asseyant sur les marches du parvis, j’écris à présent depuis une heure, la basilique derrière et les toits parisiens baignés de soleil en face. Il est presque 10h, la magie se rompt par une arrivée massive de touristes. Je me retire, place du Tertre, au cœur de Montmartre.



- Midi, pause syndicale sur la butte...



La pause s’impose et se fait au Relais de la Butte, près du célèbre Bateau Lavoir où travaillèrent de nombreux peintres dont Picasso. La sirène retentit soudain, je me crois deux secondes à Vinça jusqu’à ce que je me rappelle que l’on est le premier mercredi du mois. Cette pause signe la fin de ma visite de Montmartre qui est assurément le quartier de Paris où j’aimerais vivre. Peut-être d’ailleurs parce qu’il ressemble à un village ! Un magnifique village avec des vignes, et des moulins même. En occultant les toits en ardoises, on se croirait presque en Provence. Ici, faute de cigales, on entend néanmoins les oiseaux chanter – cadeau précieux dans une si grande ville ! Au hasard des rues, je tombe sur le doyen des cabarets parisiens, le Lapin Agile. Devant lui, ce sont quatre chiens, agiles aussi, qui chahutent devant leur maître qui, lui, papote avec trois vieilles dames. Le calme est maitre dans ces rues toutes pavées, et ces jeux humains et canins semblent sortis d’un film. Moi, la scène me fait sourire, m’émeut. Je continue ma route pour prendre le métro direction Pigalle. Sur mon chemin je remarque qu’à Montmartre, les gens se parlent, se disent bonjour, semblent s’apprécier…du moins se reconnaître entre pairs. Exit l’apriori du TGV 6130 !



- Pigalle, j’y suis !

Dans mes souvenirs, il y avait pleins de sex shop et dix ans plus tard, je me rends compte que le Boulevard de Clichy est le repère des sex shop. C’est cocasse toutes ces enseignes lumineuses et ces hommes qui y rentrent naturellement comme s’ils allaient acheter leur pain ! Musée de l’érotisme, librairies épicuriennes et supermarchés sexys viennent accompagner les cabines automatiques. A Pigalle, le sexe est un culte où sans honte, de nombreux parisiens sont au rendez-vous de la messe !




- 13h30, direction grands boulevards…

Après le repas devenu rituel avec Rachel Rue Georges V, je repars pour l’Etoile prendre la ligne 2 direction Opéra Garnier. Visite sommaire pour cause de coût excessif, la beauté de l’édifice ne me laisse néanmoins pas insensible ! Une longue longue marche le long de ce que l’on appelle les grands boulevards s’en suit. Des Galeries Lafayette au Printemps, du Boulevard Haussmann au Boulevard Poissonnière ; une ligne droite continue signe pourtant la fracture entre le Paris riche et celui du Sentier. En avance sur un programme pourtant chargé, décision est prise de se rendre Métro Cité pour revoir Notre Dame et ses gargouilles. Dans le métro, je me surprends à renseigner une parisienne sur la ligne de métro à prendre. A croire que Paris se laisse rapidement apprivoisée… « Cité, Cité » répète la voix dans les hauts parleurs de la rame. Je me hâte et m’extirpe comme je peux de la masse. Une fois sortie au grand air, je tombe nez à nez avec le Palais de Justice. A quelques mètres, un jeune homme fait la manche en portant un panneau de carton où est inscrit : « Un peu de monnaie pour m’acheter une voiture diesel », puis de l’autre côté « Un peu de monnaie pour me payer un voyage sur la lune ». Surprise, je rigole ouvertement…Lui aussi. Aussi, oublie-t-il de me tendre la main. Sur l’Ile de la Cité, et en particulier sur le Parvis de la cathédrale, les roumains sont nombreux à quémander. Ils ont tous la même méthode, demander d’abord si l’on parle anglais pour engager la conversation puis réclamer ensuite des sous. Méthode qui n’est pas sans rappeler la fameuse technique de la porte au nez (foot-in-the-door) utilisée en psychologie sociale. Moi, définitivement, je ne sais plus parler anglais jusqu’à demain…Je rentre brièvement dans Notre Dame mais il y a vraiment trop de monde, je décide alors de découvrir le quartier Latin et de visiter L’Institut du Monde Arabe.



- 16h00, le monde arabe et ses surprises…

Marchant le long des trottoirs, je longe la faculté de Jussieu et ses travaux. La Rue des chantiers, faisant face à la dites université, n’aura certainement jamais si bien porté son nom ! La façade de verre de l’Institut (IMA) apparaît… Je me dirige en sa direction. A l’entrée, les sacs sont soumis aux rayons, les mêmes que dans les aéroports. Une fois fouillée, je vais consulter les tarifs, précaution ultime…Je découvre, effarée, que l’entrée du musée est hors de prix et que chaque exposition temporaire vaut en sus 8€. Contrainte au repli, j’entends tout à coup dans mon dos, à voix basse, « si une exposition vous intéresse, venez me voir je vous ferai rentrer gratuitement ». C’était le vigile de l’entrée. Surprise et même gênée, il insiste et me rassure. Je pars donc carrément pour une visite guidée du musée avec celui qui s’appelle Aziz. Sur la terrasse, la vue de Paris est imprenable et je découvre, fascinée, le principe mis en place par Jean Nouvel pour les façades vitrées. Celles-ci possèdent des ouvertures, semblables à des diaphragmes d’appareils photos, qui s’ouvrent ou se referment pour préserver le même ensoleillement à l’intérieur. Fascinant ! Puis Aziz me conduit jusqu’à l’exposition de mon choix, celle sur les Phéniciens, ces précurseurs de l’alphabet moderne. Me présentant comme une connaissance au gardien de l’expo, je rentre, un peu hébétée de cette soudaine chance. Je découvre à l’intérieur, dans une ambiance feutrée à dominante mauve, les premiers objets d’art Phéniciens, les premiers modes et supports d’expression ainsi que les sarcophages de ce peuple, des sarcophages anthropomorphes (représentant l’image et le corps du défunt), semblables à ceux des Egyptiens. Surprise, j’apprends que les Phéniciens sont également passés en France, à Marseille. Après une heure, et quelques découvertes plus tard, je ressors de cet espace…Encore surprise de l’opportunité et ravie de l’exposition ! Mon passage à l’Institut du Monde Arabe s’achèvera autour d’un thé à la menthe et quelques gâteaux Arabes (en tout bien tout honneur), à discuter avec cet employé résolument sympathique. Décidemment, Paris semble décidée à me sortir de mon a priori et à m’offrir ses plus agréables visages.



- 19h00, direction Beaubourg :

Je repars ravie rejoindre Rachel pour aller voir le vernissage de l’exposition de Louise Bourgeois, au dernier étage du Centre Georges Pompidou. Sur notre chemin, nous faisons une escale à un Starbuck coffee - leader mondial de la distribution, de la torréfaction et de marques de café - dont j’entendais depuis longtemps parler sans vraiment connaître. Ces bars où de multiples spécialités de cafés, cappuccinos, chocolats et autres sont proposés et où le client peut ensuite rajouter des épices et aromates à sa convenance. Là, en terrasse et à deux pas de Beaubourg, une vieille dame vient nous agresser verbalement de manière virulente pour obtenir des sous. Un peu démunies, elle insiste auprès de Rachel et moi-même jusqu’à ce que les six jeunes hommes typés et originaires du 93, assis à côté, viennent à la rescousse. Un sacré pied de nez aux clichés et aux propos racistes trop souvent entendus. Remerciements effectués, nous nous rendons voir les sculptures déroutantes de la grande plasticienne. Du haut de ses 96 ans, l’artiste française émigrée aux Etats-Unis présente ici des œuvres de toute sa carrière, des sculptures ou des performances exprimant pour la plupart ses ressentiments vis-à-vis de son père. Troublante exposition ; sombre, profonde et intimiste. Cette journée, harassante comme celle d’hier, mais toujours aussi plaisante s’achèvera dans un restaurant de spécialités de pâtes, près des Halles. Demain signe déjà mon départ, déjà…Le temps semble passer plus vite ici !



Voyage à Paris - Carnet de bord 2

Le 04 mars :


-Au petit matin…

Alors que les Champs-Elysées se réveillent à peine, Rachel et moi prenons un café dans une des rues perpendiculaires à la célèbre avenue. Un écart de quelques mètres qui divisent tout de même d’un tiers le prix du café ! Une fois le remontant pris, je prends la direction de l’Arc de triomphe prendre quelques photos pour ensuite redescendre les Champs. A 9h00 du matin, la circulation sur la place de l’Etoile est déjà très dense. Il fait vraiment très froid, ça transperce les vêtements et saisi les entrailles. Je m’en veux de ne pas avoir écouté Rachel qui m’a pourtant bien conseillée de prendre mes gants ! « Si vous avez oublié ce qu’est le froid, venez à Paris ! », cette phrase tourne en rond dans ma tête. Chemin faisant, j’aperçois un homme assis, pied nu, sur les grilles du métro. Un emplacement qui doit lui apporter un peu de chaleur. Je me trouve alors un peu ridicule de me plaindre, moi, ma veste et mes trois couches de pull. Je continue ma route, regardant les travailleurs parisiens courir au travail, tel un ballet d’attaché-case et de costards. Je prends la direction des Quais de Seine (je me rends compte d’ailleurs que dans l’intégralité de mon carnet de note, j’ai écrit Seine comme scène. Ca n’est certainement pas anodin…) et du Pont de l’Alma par la Rue Montaigne. Aucun doute, au vue des enseignes, je suis bien dans le Paris Bourgeois. Quinze minutes de marche plus tard, j’arrive à l’Alma, aperçois la Tour Eiffel et la Seine. Des fois les idées qui fusent dans l’esprit humain sont étranges, je me surprends à me demander de quel côté du pont Lady Dy est décédée. Quelle drôle d’idée ! Oubliant de trouver la réponse, je traverse le fleuve et le longe jusqu’au niveau du Quai Branly. Jean Nouvel a vraiment réussi ici une architecture impressionnante et esthétiquement à mon goût, bien qu’en décalage avec les immeubles Haussmanniens.


- 10h30, arrivée au Champs de Mars :

Pour 3, 10€, je décide de monter à pied les deux premiers étages de la Tour Eiffel. Sportive idée que celle-ci, d’autant que les éléments – pluie et vent – se déchainent. A quelques mètres du sol, il fait vraiment très froid, trop froid…Mes mains me brûlent et m’en veulent sacrément. Quoiqu’il en soit, je monte, décidée…



- 11h00, deuxième étage à quelques 200 mètres de haut :

Quelle vue ! Le Sacré cœur loin loin à l’ouest, la Tour Montparnasse en face dressée juste derrière l’école militaire, et à droite – comme à côté – le grand bâtiment de France Télévision. Reconnaissable parmi cent…Je redescends après moult prises de vue. Je suis lessivée, au sens propre et figuré ! Traversée du Champs et des Invalides s’en suit sous la pluie de Paris, jusqu’à atteindre le Pont Alexandre III. Je prends la rue Franklin Roosevelt, photographiant au passage le Petit et le Grand Palais. Découvrant le Palais de la Découverte, je me promets d’y retourner après le repas.




- A 14h00, retour et visite du Palais de la Découverte

La file d’attente est longue, mais tant pis…Ce cousin de la Villette me rappelant également le Musée des Sciences et de l’Industrie que j’avais visité à Manchester, m’inspire…alors je patiente. C’est drôle, il semble n’y avoir que des enfants ici et des parents qui accompagnent sans enthousiasme. Moi je trouve ça génial et visite finalement les différentes expositions avec davantage d’insistance sur celle concernant les Tsunamis et éruptions volcaniques et celle portant sur les illusions d’optique et la perception humaine. Après plus d’une heure de flânerie muséale, je sors et longe – sous un soleil à présent radieux – le Quai la Reine. Pourtant si éloignée de la montagne, le temps de Paris est aussi changeant que celui des sommets Pyrénéens. Sur le quai, un jeune Rome tente de me soutirer de l’argent contre une bague. Stratagème bien rodé dans lequel je ne tombe pas ! Face à mon refus, il finit par m’insulter…moi aussi. Choix est alors pris pour la direction du Louvre et du jardin des Tuileries. Le grand parc des Tuileries aménagée par Le Nôtre (qui a aussi réalisé Versailles, Chantilly…) est magnifique, apaisant. Un petit poumon dans la ville ! Les touristes et autochtones semblent s’y plaire autant que les canards. Les coin-coin se mêlent au japonais, à l’anglais et au français…



- 16h00, aperçu du Louvre :

Ce monument comme tous ceux bordant la Seine est vraiment très beau ! Pourtant je me dis que ce n’est pas ce Paris là que je vais vraiment aimer…Derrière un arc, la Pyramide du Louvre s’offre soudain à ma vue. Elle est bien plus petite que dans mon imaginaire. Je me souviens alors avoir eu le même ressenti, il y a plus de dix ans, devant Notre Dame. Abandonnant l’idée de visiter le Musée de la Publicité dont, je l’avoue aussi je n’ai pas trouvé l’entrée, j’opte pour la flânerie dans le Marais et le Sentier. Continuant quelques temps la longue Rue de Rivoli, je bifurque à gauche et aperçois par hasard le Centre Georges Pompidou, que je n’avais pas trouvé en cherchant. Surprenant, ce bâtiment excentrique engoncé dans des ruelles typiques à quelques pas de Rivoli et du Boulevard Sébastopol. Je ne l’aurais jamais imaginé dans une telle localisation. Ma route continue dans le Sentier où semble se jouer le concours du magasin le moins cher. Voici un Paris qui plait bien à mon portefeuille ! Ici, les sex shop sont également légion. Je ris toute seule de voir qu’ils fourmillent Rue des Prêcheurs ! Paradoxal Paris…



- 18h00 retentissent…

…et le froid se fait à nouveau plus intense. Le Forum des Halles – près de Chatelet – s’annonce être un endroit de choix. Je m’y engouffre et savoure sa chaleur bien plus que ses boutiques ! Une heure passe et Rachel me rejoint, j’ai les jambes en coton mais l’envie de profiter domine…Décidées d’opter pour un resto japonais, nous allons entre Odéon et Saint-Germain des Prés au hasard de ruelles pavés fleurant bon le Paris populaire, historique et cinématographique même. « A bicyclette » et « Le poinçonneur des Lilas » se répondent en cœur dans ma tête alors que j’ai l’impression de voir la ville en noir & blanc. Moins touristique, j’aime ce Paris là !!!



Voyage à Paris - Carnet de bord 1

Le 03 mars :


- 17h 58 dans le TGV 6130 (Gare de Marseille Saint-Charles) en direction de Paris

Alors que ce train va me conduire vers celle que je n’ai pas vu depuis dix ans – Paris – je passe un coup de fil rapide. Il n’y a pas de bruit dans le wagon puisque le train n’a pas encore démarré, aussi je m’efforce à parler le plus doucement possible pour ne pas déranger mes congénères.

Pourtant, j’entends soudain : « Punaise, on ne peut même pas lire ! ». Surprise, gênée mais quoiqu’il en soit visée par cette invective, je tente de baisser d’un ton ma voix, rendue d’autant plus grave par un rhume persistant. La conversation sans-filaire se termine plus tôt que prévu. Je me dis alors, pour clore l’incident, que dans ce train Marseille-Paris, l’homme doit être un parisien stressé rentrant à son domicile, plutôt que l’inverse. Moi, en marseillaise d’adoption en partance pour la capitale, j’espère que ce Paris à découvrir fera taire, pour le coup, mes a priori…


- 21h01, presque arrivée…

Plus que dix minutes et le train entrera en gare Paris-Gare de Lyon. Une douce excitation latente et ce léger trouble intérieur lié à l’inconnu sont bien présents, j’ai du mal à croire que je rentre dans Paris. Si proche et si lointaine, ville parmi tant d’autres, je me rends néanmoins compte que pour moi, elle représente un mythe…


- 21h10, première impression

Arrivée Gare de Lyon, ça y est ! Je sors sur le parvis et contemple. D’ici, on semble surplomber toute la partie sud-est de la ville. De nuit, ces façades Haussmanniennes toutes éclairées rayonnent ! Allez direction le métro, en essayant de ne pas se perdre, pour rejoindre Rachel…



mardi 26 février 2008

A la découverte de ..... Glorianes


A onze kilomètres de Vinça, perdu entre cimes et nuages, se niche Glorianes. Un petit village de quelques âmes, à 600 mètres d'altitude et faisant face au Canigou - montagne sacrée des Catalans.
De Glorianes, beaucoup connaissent le nom mais bien peu le lieu. Certains auront bien entendu parler de cette sorcière - surnommée "la picote" - qui y vivait, d'autres auront été intrigué par la "maison blanche" - comme on l'appelle ici - d'un certain ambassadeur, visible depuis Vinça. Pourtant, peu se risquent à emprunter cette sinueuse route, infranchissable à pied et ardue en voiture.
Or, Glorianes regorge de trésors. En véritable écrin de sérénité, ici seuls les chants d'oiseaux, les meuglements de vaches et les tintements des clochettes des moutons composent le bruit ambiant. Les quelques ruelles - souvent désertes - mènent à la petite chapelle romane et aux quelques habitations. Des demeures d'où s'échappe, par la cheminée, une douce odeur de feu de bois. Un effluve qui se mêle à celui des différents conifères et herbes folles entourant les nombreuses ruines. Vestiges llosés envahis de pensées sauvages qui font songer à ce qu'il est bon de vivre en pays Catalan!


lundi 25 février 2008

Le « Genty » magicien au pays des merveilles

Boliloc
(c) Philippe Genty

Le 7 février dernier, Philippe Genty revenait au Théâtre Toursky à Marseille pour présenter son dernier spectacle, Boliloc.

Comme les autres réalisations de l’artiste, Boliloc oscille entre réalité et illusion tant dans le fond que dans la forme. Associé pour l’occasion à l’acteur Christian Hecq, Philippe Genty nous plonge dans un monde fantastique ou le tangible copie le fantasme…à moins que ce ne soit l’inverse. Alice, l’héroïne de Boliloc, gravite d’univers en univers avec la légèreté du rêve. Des boîtes mouvantes où se logent des marionnettes caractérielles à cette salle d’opération où deux comédiens pénètrent les entrailles d’Alice, jusqu’au tableau où chacun virevolte à deux mètres du sol dans un paysage lunaire ; tout est rêverie, émerveillement et douceur.

Sensible et tendre, Boliloc laisse aussi le champ libre à l’imagination du spectateur. Comme Philippe Genty le dit si justement : « La scène devient le lieu de l’inconscient ». Les métaphores et seconds sens sont légion lorsque l’émotion rime soudain avec introspection. Bien plus qu’une pièce de théâtre, Boliloc - en véritable expérience - se vit. Peut-être est ce pour cela que les mots laissent bien démunis pour raconter ce spectacle... En virtuose de la chimère, Philippe Genty use du visuel pour usurper la réalité : des têtes d’hommes sans corps sautent, volent et retombent, des marionnettes prennent la parole et par là même leur liberté... Chacun retrouve alors son âme d’enfant et le regard émerveillé de l’âge tendre.

Subtil, léger et enivrant, Boliloc est une cure de bonne humeur d’où chacun sort avec le sourire, sans trouver les mots pour expliquer ce sentiment. Comme dans un conte pour enfants, les images captivent en faisant perdre les mots…et les maux. Dès lors, le prénom de l’héroïne prend tout son sens ! Nous sommes bien au Pays des merveilles

vendredi 15 février 2008

Le Oogie : un lieu insolite sur le Cours Julien


Au 55 cours Julien à Marseille est implanté le Oogie. Un « concept-store » vintage qui oscille, depuis sa création en 2006, entre style rétro et contemporain.

« Je peux vous aider ? » demande un des serveurs. La question sonne comme la preuve de la surprise provoquée par le lieu. En plein cœur d’un quartier populaire de la ville, où se jouxtent bars typiques et autres pmu, le Oogie se distingue. Pas seulement une brasserie-restaurant, ni totalement une boutique, pas exclusivement un salon de coiffure, ni simplement un cybercafé. Il est un peu tout ça... Certains y dinent à 16h tout en regardant un dvd sur l’écran mural, d’autres discutent au son des musiques rétro et électro tandis que les derniers essaient des vêtements avant de filer à l’étage « Chez Joce » se faire couper les cheveux ! Tout se conjugue et se complète étonnamment sur les 400m² parfaitement agencés que compte le lieu. Bien qu’insolite, le Oogie est épuré, lisse et ordonné.
Ici, le mobilier actuel aux coloris vitaminés, les peintures abstraites et le matériel hi-fi dernier cri côtoient les livres sur le pop art, les vêtements vintage et les vieux vinyles. Le Oogie déroute mais ne manque pas de style ! D’ailleurs, ses occupants – employés ou clients – n’en manquent pas moins. Jean slim et t-shirts près du corps à l’appui.
Le personnel, particulièrement jeune, est au petit soin de ses chalands. Les « Ca va, ça vous a plu ? » résonnent constamment sans pour autant devenir outranciers et le tutoiement est de rigueur. Néanmoins, ici on vide soi-même ses restes dans le récipient prévu à cet effet.
Dans ce lieu atypique, les univers se côtoient - cuisine ouverte sur la salle, puits de lumière pour une vue en contre-plongée du salon de coiffure – et rien ne vient briser l’harmonie de l’espace, même pas quelques effluves de nourriture ou des prix excessifs.
Sorte de téléportation géographique et temporelle, on s’attendrait presque à voir ici Andy Warhol surgir de sa boite de soupe Campbell et Charlie Chaplin de son chapeau melon.

mercredi 6 février 2008

Rencontre avec…Richard Martin


« Allumer des feux et faire se rencontrer des Hommes »

Solliciter Richard Martin - directeur du Théâtre Toursky, de l’IITM France (Institut International du Théâtre Méditerranéen) et initiateur du projet Odyssée - pour faire de lui un portrait lorsque vous le connaissez quelque peu, c’est se voir offrir une de ses accolades franches, amicales et enjouées, et vous entendre dire « Mais tu n’as plus besoin de moi pour écrire mon portrait ». Richard, c’est un peu ça…Un brin de tendresse et de complicité, de la sensibilité à foison, un rire d’enfant, un regard utopiste aussi – tantôt réjoui tantôt affecté – un bout d’enfance dans un corps d’homme, un paradoxe qui le rend proche et intimidant à la fois. Un tantinet insaisissable et sauvage donc ; Richard Martin est avant tout un homme de théâtre engagé. Dès lors, esquisser son portrait prenait ici le visage d’une évidence.

Euroméditerranée, opération liée au processus de Barcelone créé en 1995, intègre en son sein un pan culturel et humain. Un chapitre visant à promouvoir le dialogue entre les cultures. Idée si chère à Richard, qu’il a su déployer au travers de ses Odyssées - ces biennales homériques - parcourant depuis 2001 l’Europe et la Méditerranée. Triturant délicatement l’emballage du sucre venu édulcorer le café que nous buvons ensemble, il me confie ne pas croire au pouvoir esseulé d’instances nées pour susciter le dialogue interculturel. L’homme reconnaît les retards pris par la politique et répond à ce sursis que « L’essentiel sera toujours porté par les Hommes […], sinon les petites choses qui se font ne sont que ponctuelles, conjoncturelles et ne cimentent pas grand-chose ». Richard croit avant tout en l’humain et reste persuadé que « la raison aura raison ». Pour cet artiste éclairé qui érige le rêve comme droit de l’Homme, l’Odyssée ne doit être que « le tremplin vers de nouvelles rêveries ». Ces rêveries nourries par l’art, ce liant des rencontres humaines. Continuant de s’amuser en roulant le même papier autour de son index - le regard tantôt sur la table tantôt dans le mien - le ton est réfléchi autant que l’attitude est méticuleuse. Occuper le geste pour mieux laisser voguer l’esprit au gré de mes interrogations. Celui qui « travaille à ce que l’homme qui ne sait pas, finisse par savoir », prend une voix mêlée de dérision et d’espoir lorsqu’arrive mon ultime requête. Et au centre de tous tes projets Richard, comment te définis-tu ? : « Je suis un poète qui a oublié d’écrire »…Silence…Puis d’ajouter « Nos poèmes on les écrit avec des bateaux. Ma vocation est d’allumer des feux et de faire rencontrer des hommes », avant de parachever le sourire aux lèvres « Les poètes me donnent l’allumette et moi je suis le grattoir ». Un brin caustique, une larme d’inquiétude, un filet d’autodérision et un soupçon d’espièglerie, tel est l’insolite mélange de cet homme au grand cœur prêt à tout pour poursuivre ses idéaux résolument humanistes et « donner l’impulsion de la rencontre et de l’échange à ceux qui sont loin de ça».

samedi 2 février 2008

Billet d'humeur


Une « République »…Non, un Empire !

Marseillais ! Vous n’êtes pas sans savoir que la rue de la République se métamorphose depuis 2004. « L’un des plus vastes chantiers de rénovation urbaine en France » selon Euroméditerranée, qui comprend entres autres une réhabilitation de l’habitat. Un lifting en profondeur mené par la Communauté urbaine Marseille Provence Métropole présidée par Mr. Jean-Claude Gaudin ; avec comme nouveaux propriétaires et gestionnaires, Marseille République pour l’habitat et ANF Eurazeo pour les commerces. Un bien remarquable projet faisant écho au sondage TNS-SOFRES conduit en juin 2005 qui concluait que 88% des Marseillais jugeaient la réhabilitation nécessaire. Un échantillon de population dont nous ne saurons rien pour un sondage portant le masque d’une fausse bonne conscience manifeste! Mais une rue, si c’est bien sûr du bâti et des commerces, c’est avant tout des habitants, une histoire, une ambiance, un esprit. Pourtant, rien ou si peu n’est dit sur le devenir de tous ces habitants contraints de se reloger ailleurs. Des locataires et propriétaires, très attachés à leurs appartements au point de s’y succéder de générations en générations. « Nous voulons la mixité sociale. Avant, il n’y en avait pas rue de la République, puisqu’il n’y avait que des habitants pauvres » s’exclamait en 2006 Eric Foillard, PDG de Marseille République. Malgré une volonté de réaliser des logements sociaux, c’est bien la mise sur le marché d’habitats « de qualité » qui intéresse les protagonistes ! Des logements accessibles à qui ? Quelle riche mixité que celle en devenir…D’autant que les méthodes d’expropriation employées sont clairement scandaleuses ! Interdiction de renouvellement de bail ou encore dépossessions impromptues pendant l’absence de certains…Une réfection emblématique de la déconfiture d’une politique de logement dirigée sur Marseille depuis dix ans : allongement des demandeurs de logements sociaux, fracture nord-sud, engagement à la spéculation pour les couches aisées…. Celle qui porte fièrement le nom de République peut bien reprendre aujourd’hui celui d’Impériale ! Ce nom qu’elle portait au XIXème siècle jusqu’à son réaménagement raté, dans le seul but d’attirer au centre ville la bourgeoisie marseillaise. Inexorablement, les échecs des politiques de logement passées ne semblent pas servir de leçon ! De la République à l’Empire, du pouvoir consubstantiel du peuple à la segmentation des classes, du social au profit… Rue de la République, une artère qui décidemment chemine à contresens !!

jeudi 31 janvier 2008

Exilio en images

A côté d'une activité d'écriture, je me plais depuis peu à réaliser des montages vidéos...

Voici celui réalisé pour la Compagnie Théâtre & Mémoires afin de présenter son dernier spectacle, EXILIO.

mercredi 30 janvier 2008

Des Idéaux


C’est la Compagnie Alzhar d’Aix en Provence qui occupait la scène du Théâtre Toursky dans la soirée du 29 janvier. Une troupe friande d’expérimentation théâtrale qui a construit ce spectacle à force d’ateliers et de rencontres au cours de soirées mensuelles d’échanges, d’écritures et de recherches communes. Des Idéaux propose de créer un monde où les idéaux se sont évanouis et où l’homme est laissé seul face à ses élans les plus vils. Une thématique pourtant inspirée et inspirante que la compagnie n’a pas su véritablement exploiter...

Sur cette scène occupée dans sa totalité et dénuée de véritable décor, les arts se mélangent : danse, chant, théâtre et musique. Un mélange bien souvent à la limite du tourbillon pour le spectateur qui ne sait plus vraiment où donner de la tête. Dans cette agitation, une question ressurgit constamment en écho : « Où en êtes-vous de vos idéaux ? », véritable épine dorsale de la pièce. Le public, muni d’une feuille de papier et d’un crayon peut alors tenter d’apporter sa propre réponse, pendant que sur scène les comédiens portent la leur. « Moi, mon idéal est de faire pipi sous les étoiles » dira l’une, « Moi mon idéal est d’atteindre la normalité. Celle montrée par la publicité…Mais un jour j’ai compris que ma différence était ma liberté » rétorquera l’autre. Une première réplique qui frise le ridicule et le non-sens, tandis que la seconde mériterait d’être approfondie…mais ne l’est pas ! On atteint plus tard le paroxysme de l’inintérêt lorsque l’un des personnages – nommé « O » père – dit à sa « O » fille : « Quand ton frère reviendra, vous baiserez ensemble ! ». Thématique érotique incongrue qui vient se greffer aux multiples redondances de l’idée dans le spectacle. Déposer les armes de nos idéaux, comme le revendique ici la compagnie, revient-il à être obnubilé par les questionnements d’ordre sexuel ? La question a de quoi laisser pantois…La joyeuse famille « O » offre ainsi au public ses multiples aventures : du combat de « O1 » et « O2 » (où il faut y voir un combat d’idéaux) aux déambulations frénétiques de certains acteurs aux allures de pantomimes, jusqu’aux sphères qui envahissent la scène, figurant certainement les différentes sphères et strates de la population. Entre positions grotesques et discours incohérents dans un parlé bien souvent à la limite du supportable, les noms d’Hannah Arendt et de Nietzche fusent sans trop savoir où retomber…

Tout est entrepris sans jamais aboutir à tel point que le propos de la pièce aurait été difficilement identifiable sans le document d’accompagnement distribué par la compagnie. Des Idéaux souffre d’une trop grande abstraction dans sa mise en scène qui le rend totalement hermétique à une partie du public – qui a d’ailleurs quitté la salle avant la fin de la représentation. On soulignera néanmoins un effort esthétique grâce aux costumes colorés et aux retransmissions sur rideau-écran d’instants filmés en direct qui forment des touches tels une peinture impressionniste. Un autre effort, musical lui, est à noter grâce à des improvisations inspirées aux accents expressionnistes. Malgré tout, l’ensemble manque véritablement de sens et de prise en compte du public. Grandiloquence du jeu et minimalisme scénographique y sont, eux aussi, mal conjugués. « Les i des o, les i dans les o », mais les idées…où ?

dimanche 27 janvier 2008

Tecktonik: a polemical dance

Since last July, a new dance has reached a large part of the young people… It’s the Tecktonik! Do you know about it ?


Tecktonik, often abbreviated TCK, was born in a French night club - “The Metropolis”, near Paris - in Rungis in 2000 with a new concept of party named The Tecktonik killer. However, its success is very recent and mainly due to the community websites on Internet. Its creators are Cyril Blanc and Alexandre Barouzdin, two members of the artistic staff of the "Metropolis". Now, for their biggest joy, Tecktonik goes beyond the French’s frontier… Originally, its name comes from a pun about the geological theory of the plate’s tectonic. This reference isn’t chance but it is connected to the atypical jerky and quick movement adapted to the Hardstyle music’s rhythm. Tecktonik is also a registered trademark.

In spite of this success, this dance has been in the heart of a controversy for several weeks. Indeed, a rumor has spread over the Internet…Tecktonik could be a Nazi movement! Why? It’s a poster for the new Tecktonik Killer party that initiated this controversy. It represents a man with a German officer’s cap of the Second World War and wearing a gas mask (photography 1 & 2). A poster in bad taste!






Besides, Tecktonik’s logo is an eagle (photography 3 & 4), the king of the birds and the symbol of pride, accompanied by a red star and the marketing’s line is between gothic and cold war with a provocative side. Very strange and meaningful for some people, only a coincidence for others…Be that as it may, this ending murmur adds to the other negative aspects raised by the anti-tecktoniks. Indeed, some people blame the Tecktonik for being more commercial: TF1 Company is now the international agent of the brand, there is even a fast-food that created a Tecktonik menu! This trend seems to be “the goose that lays the golden eggs” for the company. But now where is the dance behind all this profit? Moreover, contrary to the other dances, it isn’t possible to organize Tecktonik party because it’s a deposited brand. Odd behaviour by the creators, which shows the importance attached to marketing. Consequently, more and more websites and groups are created against Tecktonik: BAT for Brigade antitecktonik, demonstrations antitecktonik…

Envied success, false war or dangerous movement? The teenagers answer… So, pro or con Tecktonik?