mercredi 6 février 2008

Rencontre avec…Richard Martin


« Allumer des feux et faire se rencontrer des Hommes »

Solliciter Richard Martin - directeur du Théâtre Toursky, de l’IITM France (Institut International du Théâtre Méditerranéen) et initiateur du projet Odyssée - pour faire de lui un portrait lorsque vous le connaissez quelque peu, c’est se voir offrir une de ses accolades franches, amicales et enjouées, et vous entendre dire « Mais tu n’as plus besoin de moi pour écrire mon portrait ». Richard, c’est un peu ça…Un brin de tendresse et de complicité, de la sensibilité à foison, un rire d’enfant, un regard utopiste aussi – tantôt réjoui tantôt affecté – un bout d’enfance dans un corps d’homme, un paradoxe qui le rend proche et intimidant à la fois. Un tantinet insaisissable et sauvage donc ; Richard Martin est avant tout un homme de théâtre engagé. Dès lors, esquisser son portrait prenait ici le visage d’une évidence.

Euroméditerranée, opération liée au processus de Barcelone créé en 1995, intègre en son sein un pan culturel et humain. Un chapitre visant à promouvoir le dialogue entre les cultures. Idée si chère à Richard, qu’il a su déployer au travers de ses Odyssées - ces biennales homériques - parcourant depuis 2001 l’Europe et la Méditerranée. Triturant délicatement l’emballage du sucre venu édulcorer le café que nous buvons ensemble, il me confie ne pas croire au pouvoir esseulé d’instances nées pour susciter le dialogue interculturel. L’homme reconnaît les retards pris par la politique et répond à ce sursis que « L’essentiel sera toujours porté par les Hommes […], sinon les petites choses qui se font ne sont que ponctuelles, conjoncturelles et ne cimentent pas grand-chose ». Richard croit avant tout en l’humain et reste persuadé que « la raison aura raison ». Pour cet artiste éclairé qui érige le rêve comme droit de l’Homme, l’Odyssée ne doit être que « le tremplin vers de nouvelles rêveries ». Ces rêveries nourries par l’art, ce liant des rencontres humaines. Continuant de s’amuser en roulant le même papier autour de son index - le regard tantôt sur la table tantôt dans le mien - le ton est réfléchi autant que l’attitude est méticuleuse. Occuper le geste pour mieux laisser voguer l’esprit au gré de mes interrogations. Celui qui « travaille à ce que l’homme qui ne sait pas, finisse par savoir », prend une voix mêlée de dérision et d’espoir lorsqu’arrive mon ultime requête. Et au centre de tous tes projets Richard, comment te définis-tu ? : « Je suis un poète qui a oublié d’écrire »…Silence…Puis d’ajouter « Nos poèmes on les écrit avec des bateaux. Ma vocation est d’allumer des feux et de faire rencontrer des hommes », avant de parachever le sourire aux lèvres « Les poètes me donnent l’allumette et moi je suis le grattoir ». Un brin caustique, une larme d’inquiétude, un filet d’autodérision et un soupçon d’espièglerie, tel est l’insolite mélange de cet homme au grand cœur prêt à tout pour poursuivre ses idéaux résolument humanistes et « donner l’impulsion de la rencontre et de l’échange à ceux qui sont loin de ça».

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