samedi 5 mai 2007

La laïcité en danger

Le 10 avril dernier, le Théâtre Toursky organisait un débat public autour du thème « la laïcité en danger ». Avec Richard Martin, directeur des lieux, comme chef d’orchestre de cette université populaire, la rencontre s’annonçait engagée et instructive afin comme il le dit « de tenir éveillée l’idée de laïcité, d’éviter la bêtise et de conserver ce qui est le fondement de notre république ». Fondement à défendre, héritage précieux obtenu par la lutte de nos ancêtres qui demeure aujourd’hui incompris, malmené voire ignoré.
En effet, si nombreux sont ceux qui affirment savoir ce qu’est et ce qu’englobe la laïcité, d’aucun par contre ne saurait en donner une définition ou du moins une représentation précise. Retour sur ce tournant décisif de l’histoire de la république Française…
La loi du 9 décembre 1905 marque la séparation franche entre l’Etat et les Eglises. L’Etat garantit alors la liberté de conscience et le libre exercice des cultes à chacun, tout en s’interdisant de s’immiscer dans la sphère du religieux comme l’Eglise s’abstiendra d’intervenir dans celle du politique. Peut-être une évidence pour certains aujourd’hui (bien que plus souvent bafouée que respectée), mais une véritable révolution à l’époque. Une révolution dont la généalogie de l’idée de séparation remonte au XVIIIème siècle et plus exactement à 1789. Dans la nuit du 4 août 1789, l’Eglise est dépossédée de ses privilèges fiscaux et ses biens sont nationalisés. La brèche est alors ouverte et cette première fissure deviendra lentement fossé. De l’affirmation de la liberté d’opinion à la constitution civile du clergé en 1790, en passant par la légitimation du pouvoir sans fondement religieux et surtout la laïcisation de l’enseignement sous l’influence de Condorcet et Lakanal ; l’idée fait son chemin amenant peu à peu un mouvement de sécularisation de la société Française. L’attitude du pouvoir pontifical après 1814 entraînera un combat anticlérical mené par les républicains à la fin du XIXème siècle. L’affaire Dreyfus viendra à son tour montrer la limite de l’entente entre l’Etat et l’Eglise, et témoignera de la nécessité d’une séparation pacifique de ces « deux France ».A l’orée de cette mutation de la république Française, trois hommes viendront alors jouer un rôle primordial : Emile Combes, en tant que président du conseil à l’époque du vote de la loi ; Aristide Briand, rapporteur de la commission parlementaire chargée de la préparation de la loi et Jean Jaurès qui assurera la cohésion de la majorité parlementaire et rédigera l’article 4 de la loi.
C’est donc en toute logique que Richard Martin inaugura ce débat public par la lecture des écrits de ce grand leader socialiste qu’était Jaurès. Engagé, révolté et saisissant d’implication tout au long de son intervention, Richard donna d’emblée le ton de la soirée, sensible, grave et solennel. « Nous sommes tous des soldats de la laïcité » affirme-t-il. A un tournant politique de notre pays, un tournant où la laïcité est oubliée des débats politiques, le citoyen doit jouer son rôle de vigilance et de respect de cette loi. Ce débat n’était donc en rien un meeting…mais plutôt une sorte de café philosophique, une scène ouverte qui n’était pas sans rappeler l’Agora de la Grèce Antique. Un lieu, élément essentiel du concept de Polis, où chacun pouvait exposer ses idées librement. Tour à tour, trois intervenants (Pierre Cassen, Michèle Vianes et Henri Pena Ruiz), acteurs culturels et sociaux experts de la question, ont exposé leurs axes de réflexion pour que la salle puisse, par la suite, réagir en toute liberté à leurs propos.
La laïcité, bien qu’ancrée dans l’histoire du monde, « ce n’est pas hier, ce n’est pas aujourd’hui, c’est demain » affirme Raymond Mallet, président des rencontres de la cité. Face aux intégrismes grandissants, aux maltraitances exercées sur les femmes pour des dogmes religieux, la laïcité, cette pierre angulaire de notre socle républicain est menacée. Dans le monde Arabo-musulman, les femmes n’ont même plus le droit d’ouvrir Internet seules chez elles. A leur domicile, elles ne sont plus libres. Comme le souligne Michèle Vianes, responsable du collectif femme 13, la femme est la première victime des reculs laïques. Ferry avait semble-t-il raison en affirmant « Celui qui tient la femme tient tout », et certaines religions l’ont bien compris. De plus, par le voile on accède à une sorte d’ethnicisation de la république et par définition la république laïque et démocratique ne conçoit pas de communautarisme. Comme le dit si bien Jaurès « Laïcité et démocratie sont deux mots identiques », défendons ainsi la laïcité autant que nous revendiquons notre démocratie. Car la réhabilitation de ce combat laïque ne date que de 2003, preuve qu’il faut en arriver à des offensives cléricales massives pour entraîner enfin une prise de conscience de l’importance d’un coup d’arrêt. Mais comment rendre cette idée, si peu comprise, accessible à tous ? Montrée comme une idée vieillotte et faussement entendue, la laïcité a été exclue de la campagne électorale. La réinstaller dans le discours politique assurerait sa défense sur la scène publique. Lorsque l’on voit qu’au Canada, « l’accommodement raisonnable » concède à la religion une supériorité sur l’Etat, il convient comme le souligne Pierre Cassen de « prendre nos responsabilités et de tenir bon pour mener les autres pays ».
Un débat instructif et incommensurablement citoyen, où la laïcité a été fêtée jusque dans le principe. Un exemple à suivre pour que la laïcité, seul bouclier contre l’intégrisme et seul moyen de préserver la paix civile, la liberté de tous et la justice sociale soit préservée. La laïcité, c’est une lutte d’aujourd’hui pour une paix de demain. Il est temps que soient réaffirmés la liberté de conscience, la liberté de croire ou de ne pas croire, et l’universalisme de la loi commune. Parce que la laïcité ne se dit pas mais se vit et se partage, l’action est le seul remède contre la confusion existante entre l’ordre social et l’ordre individuel, pour rendre à la république sa dimension universelle, réconcilier l’Europe avec l’Europe et au-delà, l’humanité avec l’humanité. Richard Martin souhaite ainsi lancer l’année prochaine une fête annuelle de la laïcité à Marseille…Adressons lui tout notre soutien, pour qu’à la manière de Voltaire, « nous puissions braver les diables fantastiques qui sont autour de nous »…

jeudi 3 mai 2007

La concessione del telefono

Un projet du collectif Kati Bur mis en espace par Olivier Maltinti d’après le roman d’Andrea Camilleri
« Choisir un texte au théâtre, c’est comme quand on tombe amoureux, le coup de foudre ça n’existe pas, au début ce qui nous touche ce sont des petits détails, des petites nuances […] et après un jour sur le plateau, comme en amour, on entre dans la matière alors c’est du corps, du corps et encore du corps » avoue Olivier Maltinti. Ainsi, ce texte d’Andrea Camilleri, Olivier en est tombé amoureux et a voulu, dans une lecture mise en espace, nous en livrer les nuances pour faire corps avec lui. Un véritable défi où trouver la juste mesure entre la lecture du texte écrit et le jeu scénique est primordial pour que le public soit captivé.
L’histoire se déroule entre juin 1891 et août 1892 à Vigàta, ville imaginaire de Sicile. Le négociant en bois, Filippo Genuardi surnommé Pippo, souhaite obtenir une ligne de téléphone à usage privée. Pour ce faire, il écrira à trois reprises une lettre au préfet, paranoïaque et susceptible, afin de lui demander les instructions pour effectuer cette installation. Changeant malencontreusement un « m » en « p » dans le nom de celui-ci, Pippo se verra alors suspecté d’être un dangereux agitateur. Entre passage en prison, quiproquos divers et intrigues invraisemblables, la mafia viendra peu à peu, par l’ombre du mystérieux Don Lolo, se mêler à cette histoire aussi curieuse que loufoque. Un univers où règne la dépravation et l’immoralisme. Un système où les fonctionnaires loyaux sont récompensés en étant rétrogradés et où les corrompus gravissent les échelons d'une carrière.
Un spectacle fidèle au texte d’Andrea Camilleri, sicilien natif de Porto Empedoche, qui, à 82 ans passés, est un des auteurs les plus populaires en Italie. Grand maestro du roman policier il sait aussi, comme il le prouve dans La concession del telefono, traiter des thématiques comme les abus du pouvoir, la vénalité des individus, l’absurdité de certains principes religieux ou encore l’immoralité de la mafia. Une mise en scène où telle la plume du romancier, les comédiens alternent entre retranscription de la forme épistolaire et scènes dialoguées. Un texte plaisant où se croisent une écriture subtile et un dialecte cru et populaire. Une lecture mise en espace qui aurait pu être aussi grandiose que les plus grandes tragédies classiques, à quelques détails près…
Mettre en scène un texte aussi riche n’est pas chose aisée et des coupures, parfois franches, s’imposent. Olivier Maltinti a eu le parti pris de conserver, non pas tout le texte, mais une grande partie de celui-ci…Amenant le spectacle à plus de deux heures et demie, contrairement à l’heure trente annoncée ! Le spectateur, surpris, s’impatientant alors et regardant frénétiquement sa montre au grand dam de ce qui se joue sur le plateau. Et quel jeu…Les trois comédiennes, souriantes et motivées, semblent pourtant trop peu concentrées, à tel point qu’à moment donné l’une d’entre elles a dû montrer à sa camarade de scène à quelle ligne se trouvait son texte. Par des bafouillages trop répétitifs et des hésitations récurrentes, le public a vite perdu le fil de ce téléphone…Fil déjà difficile à suivre par la multitude des personnages aux noms alambiqués. On comprend difficilement qui est qui et qui fait quoi. L’usage, parfois inopiné et inapproprié de la musique, contribue à aggraver une compréhension du texte déjà aventureuse. « Je ne comprend rien, je ne comprend rien… » ai-je entendu à plusieurs reprises dans l’assistance.
En bref, un constat doux amer au sortir de cette représentation d’un conte réputé trivial, insolent, savoureux et surtout jamais ennuyeux. Une scénographie contemporaine et audacieuse faite de voilages qui, bien qu’esthétiquement agréables, n’ont en rien un rapport avec l’œuvre. Une mise en scène quelque peu rigide et prévisible, qui ne laisse que trop peu de place à l’effet de surprise. Saluons tout de même la tentative audacieuse d’Olivier Maltinti qui s’est attaqué à un genre littéraire relativement ardu, et accueillons également avec respect cette adaptation pour ce qu’elle a de contemporain, d’original et d’impliquée. Car impliqué et amoureux de l’oeuvre, Olivier l’est…Espérons pour les prochaines représentations qu’il saura nous offrir un corps à corps aux accords plus harmonieux où le texte sera écourté, la musique atténuée et le jeu de comédien moins hasardeux…pour que le téléphone ne soit pas, à l’inverse de ce soir, raccroché trop tôt !

mardi 1 mai 2007

La marraine Sergent est de retour chez Tatie

Les 27, 28 et 29 avril derniers, Marianne Sergent effectuait son retour au théâtre de Tatie dont elle est la marraine. Cette passionnée d’histoire qui aurait voulu en faire son métier revient pour nous livrer ici une revue de presse détonante et enlevée. Interdite de télévision pendant plus de 25 ans pour avoir osé effectuer son sketch sur la recette de la fellation au théâtre de l’Empire, elle n’a pas perdu à cinquante ans passés son franc-parler et sa diatribe contestataire. Féministe et politiquement impliquée, jamais elle ne s’est permise de monter sur scène par narcissisme.
Dans ce spectacle haut en couleurs qui se module en fonction de l’actualité, les sketchs et caricatures s’enchaînent dans un rythme effréné entre la lecture de quelques pages du journal du jour. Les journalistes en prennent d’ailleurs pour leur grade lorsque leurs papiers aussi vides de sens qu’illusoirement brillants provoquent franchement l’hilarité. Reprenant quelques sketchs interdits à l’époque, elle revêt un temps la robe d’avocate en prônant le pour afin d’affirmer le contre. Elle s’amuse tour à tour à jouer un individu raciste, à raconter avec ironie l’histoire du papa de Nicolas (Sarkozy, bien entendu), émigré Hongrois et interprète son célébrissime et désopilant sketch sur la recette de la fellation. Changeant avec génie de tonalité comme de costume, elle nous fait passer du rire au frisson en clôturant sa représentation par un poème émouvant écrit de sa propre main. Elle y prône avec douceur et sensibilité l’amour infini de l’humanité et la liberté de chacun. Preuve qu’au jeu de la critique, l’amour de l’autre occupe une place essentielle.
Un one-woman show paradoxalement assassin mais tendre. Un texte sans langue de bois qui décrit avec justesse et humour les dérives actuelles de la politique, de la justice, de l’économie, du star system et du sexe. Une galerie de portraits dans lesquels chacun pourra incontestablement y reconnaître certains de ses travers. En bref, une heure trente de pur plaisir où l’on rit copieusement de cette critique si juste et nécessaire des grands archétypes de notre société contemporaine.
Retrouvez la au festival Off d’Avignon (du 6 au 28 juillet) avec son nouveau spectacle Trente ans de carrière sans passer chez Drucker à la Chapelle du collège de la salle. One woman show qui sera par la suite joué à Paris, si Avignon lui offre succès et reconnaissance. N’hésitez donc plus, cette humoriste dont les années n’ont que bonifié le talent vous fera rire, indubitablement.

Rencontre avec cette artiste humble et sincère à quelques heures de son retour sur les planches du théâtre de Tatie:

Quel est le but, le message lancé par ce one woman ?
Dans ce spectacle, il y a une volonté de lutter contre le racisme, contre les procédés barbares de la corrida et d’encourager les individus à lutter pour la planète. Tout ce qui est dit est véridique. Et si le jeu de comédien me pousse à extrapoler, ce n’est que pour mieux rendre compte de ce que j’ai ressenti face à tel ou tel évènement. Et plus généralement, dans tous mes one woman show je souhaite que les gens garde le goût de l’absolu. Je leur dis qu’il faut s’aimer tous ensemble et aller dans la vie en avançant. Il faut savourer ses années. Je veux aussi dénoncer l’économie capitaliste et la place des femmes. Il est important pour une femme de montrer que l’on peut vivre de ce métier pendant 30 ans.

Vous écrivez vous-même vos textes. Comment se passe cette étape de la réalisation d’un one woman show ? Visualisez-vous la mise en scène en écrivant ?
Je ne suis pas une grande imaginative donc j’ai toujours du mal à trouver mes sujets, mes entrées. Par exemple, pour mon spectacle sur la Commune, je maîtrisais le sujet mais j’ai mis du temps à trouver comment l’appréhender. Pour la mise en scène, c’est très variable. Disons que je pense toujours au public, c’est pour moi l’essentiel.

Est-ce que le sketch qui vous a valu trente ans d’interdiction de télévision est mieux reçu aujourd’hui ?
A l’époque de ce sketch sur la fellation, j’avais 25 ans et j’avais déjà eu d’autres problèmes avec d’autres sketchs. Ce soir là, c’était au théâtre de l’Empire et il y avait tous les cadors du petit écran, Drucker, Martin…Aux répétitions, ils m’avaient dit de ne pas jouer ce sketch, mais tous mes amis étaient dans la salle et c’était ma deuxième télévision, j’ai voulu les épater. Et paradoxalement, c’est le sketch que l’on me réclame à chaque fois aujourd’hui.

Les mots sont des gadgets avec lesquels vous jouez allégrement. Est-ce par amour des mots ou par amour du jeu ?
Plus par amour des mots mais j’aime le jeu aussi. Par amour de la langue Française aussi. J’aime dire des choses énormes avec beaucoup de facilité…

Quelles sont vos perspectives d’avenir ?
Le one woman show est limité dans le fond. Les années passant, j’ai eu envie d’autre chose. Même si ma réputation s’est faite là-dessus, je désirais faire de vraies pièces de théâtre. C’est ce que j’ai réalisé avec « La Commune ». Je veux aussi me diriger vers le cinéma. Pour cela, je vais reprendre contact avec mes amis Auteuil, Bacri…J’ai aussi fait un livre et un cd il y a quelques années qui ont été interdits. Je souhaite relancer le livre après le festival d’Avignon, en espérant que mon spectacle y soit bien reçu…

dimanche 29 avril 2007

"Il y a de l'eau dans le...gaz entre le jazz et la diva"

En ce vendredi soir, me voici au théâtre Toursky pour une représentation du Jazz et la diva ayant remporté le Molière 2006 du meilleur spectacle musical aux Victoires de la musique. Ce spectacle, comme tout ceux inscrit dans le cadre du projet « Margose, invitation au voyage » a pour objectif de favoriser la mixité des cultures et de promouvoir la découverte de l’autre en cette année de fête de l’Arménie en France. Embarquement pour deux heures de pur plaisir…

Sur ce plateau dénudé où une douce lumière offre au décor une dimension sacrée, trois individus entonnent une introduction musicale faites de piano, de violon et de chant lyrique. Ce sont Dimitri Naïditch (pianiste), Didier Lockwood, violoniste aux 35 ans de carrière et Caroline Casadesus, chanteuse lyrique soprano, descendante d’une grande famille de musiciens. Didier et Caroline, époux à la scène comme à la vie, donnent d’emblée le ton du spectacle par une présentation humoristique de leur vie commune et de leur rencontre. Ce soir, c’est leur 13ème anniversaire de mariage…Comme chaque année, Didier s’apprête à offrir à sa compagne son cadeau, une treizième mélodie d’amour. Ce sera Colchique dans les prés, que Caroline ne trouve pas vraiment à son goût. Pendant que Dimitri précise ironiquement que dans son pays d’origine, l’Ukraine, ce même classique se nomme Colchique dans la toundra, Caroline se moque de la chanson. Le couple s’enferme alors dans un échange houleux. Didier, pour se faire pardonner, demande à Caroline de chanter puisqu’elle le fait si bien, allant jusqu’à dire qu’il accepterait tout si elle le demande en chantant. Maligne et espiègle, celle-ci s’essaye alors à un : « Sors la poubelle et rince la baignoire » lyrique et profond. Fous rires dans la salle ! De cette discussion naît le débat qui oppose nos deux artistes…leurs préférences musicales. Didier, fervent adepte du jazz, dénigre le classique: « Le classique, ces musiciens qui jouent des morceaux déjà joués des milliers de fois ». Elle, chanteuse lyrique, défend ardemment la rigueur du classique et taxe le jazz de « musique de sauvage » et de « parfaite musique d’ambiance pour ascenseur ». Vexé, Didier se lance dans une série de blagues sur les compositeurs classiques : « Mozart, Beethoven et Bach vont boire un coup. Bach prend un whisky. Beethoven demande alors à Mozart ce qu’il veut boire. Celui-ci dit, je veux un baby comme Bach (baby come back) ». L’hilarité saisit à nouveau l’assemblée ! Il y a de l’eau dans le…gaz entre le jazz et la « diva ». Dans cette opposition d’idées, seul Dimitri juge que le principal est le message transmis et non pas l’étiquette du style. Touchés par ce compromis, les deux époux tentent d’alterner entre jazz et classique pour le plus grand bonheur des mélomanes présents dans le public. Public qui est d’ailleurs invité à siffloter des airs pour inspirer les artistes. La représentation se clôture par un solo de chacun. Caroline dévoile la puissance de sa voix et la profondeur de son vibrato. Dimitri effleure avec brio les octaves de son piano. Et Didier, aussi majestueux qu’effrayant de génie se lance dans un solo de violon intitulé « Globe trotter » où l’instrument, manié avec aisance tel un gadget, dévoile une multitude de nuances et de sonorités surprenantes. Naviguant de musiques aux accents exotiques à d’autres plus orientales, en passant par les cris de mouettes, les vagues qui s’échouent sur les récifs ou encore le sifflement des trains, Didier qui va même jusqu’à se mêler à l’assistance est à couper le souffle. La représentation s’achève sur un « Dieu bénit tout ceux qui s’aiment »…Un message en adéquation avec l’œuvre entreprise par le projet « Margose, invitation au voyage » pour une mixité pacifique des cultures.

On rigole généreusement de cet humour aussi raffiné et mondain que léger et désopilant. Didier Lockwood est à mourir de rire dans son jeu d’acteur aux mimiques extrapolées, aux petits pas dansés et aux blagues à un sou. Caroline Casadesus est époustouflante dans cette diva qui est aussi décontractée qu’on pourrait la croire « cul pincé ». Et Dimitri Naïditch est fabuleux dans ce costume de pianiste nonchalamment talentueux au fort accent Ukrainien qui affiche un humour so british. Eclats de rires à volo et standing ovation de la part de cette salle comble qui remercie la troupe pour ce spectacle fantasque, original et empli de génie. Les deux heures de représentations sont passées comme une seule, dans une composition résolument sans fausse note. Un spectacle, source de nombreuses images mentales pour une invitation officielle au voyage et au mélange des cultures. Le spectateur ressort enjoué et souriant de cette représentation oscillant entre concert et pièce de théâtre. Une représentation où les mots sont en musique et la musique, devenue jeu comme les mots, se transforme en véritable échange entre acteurs. Tout simplement divin…

mardi 24 avril 2007

Festival Reflets : la compréhension, reflet de la création

Pour la 6ème année consécutive, Marseille s’apprête à célébrer le festival Reflets du 2 au 6 mai prochain. Avec pour slogan « Des films d’aujourd’hui pour penser demain », cet évènement aux thématiques lesbiennes, gays, bi et trans œuvre pour que chacun et chacune découvre sa place et agisse avec d’autres pour un avenir meilleur. Créée en 2002 par l’association MPPM pour Moving Project / Projets en mouvement, dirigée par Michèle Philibert, cette fête célèbre les genres et la liberté sexuelle de chacun. L’association, elle, fondée en 1998 a pour objectif de contribuer au « développement et à la diffusion de différentes formes d’expressions artistiques et intellectuelles, dans le cadre d’une action culturelle destinée à tout public ». Suivant cette ambition, MPPM a d’ores et déjà signé plusieurs productions et organisé plusieurs projets qui vont de la région Paca jusqu’à l’échelon national. Plus qu’un simple producteur/diffuseur, elle s’intéresse à la formation des publics et aux pratiques éducatives artistiques. Située à la Friche de la Belle de Mai, son action est soutenue par la ville de Marseille, le ministère de la culture et de la communication, la région Paca et le conseil général des Bouches du Rhône.

Pour cette nouvelle escale, Reflets a posé la majorité de ses bagages au cinéma Les Variétés mais élargit cette année ses lieux de résidence. L’édition 2007 offre une programmation enrichie avec quinze films inédits à Marseille, dont deux cartes blanches offertes au festival Mix Brasil de Sao-Paulo et au festival de Marseille. Aux côtés de ces films, seront également présentés onze courts métrages dont ceux de Mix Brasil, James Brighton et d’autres. Des histoires multiples et insolites venues du monde entier seront au rendez-vous pour un dépaysement certain. Comme à l’accoutumée, le festival exposera également ses coups de coeur ; Imagine me and you revisité pour l’occasion et Summer storm. Des séances lycée seront pareillement proposées autour de la thématique de la découverte de soi. Pour mener plus loin encore la réflexion autour des sujets de Reflets, deux documentaires Français suivis d’un débat seront présentés afin de discourir des discriminations, des combats d’hier et d’aujourd’hui. « Hier encore et aujourd’hui toujours ! » Preuve qu’un long chemin est encore à parcourir dans l’acceptation des différences et des choix sexuels de chacun.

Tel le reflet de la société actuelle, le festival cultive sa différence en diversifiant sa programmation hors des salles obscures. Avant et pendant le festival, des soirées musicales et festives, expositions et rencontres-débats seront organisés avec de nombreux partenaires de la ville. Cette année, aux côtés des alliés habituels que sont les 3G, le Trash et La Casa no name, deux nouveaux lieux se sont joints à l’évènement. La multiplication des espaces favorisant ainsi la rencontre de différents publics autour de propositions artistiques audio-visuelles et musicales éclectiques.

Aux antipodes des gays pride affichant l’homosexualité dans une déferlante rose stéréotypée, ce projet artistique et humain conduit à une réflexion et à une ouverture en douceur sur ces sujets encore tabous. Résolument invitation à un voyage en images et en musique, cette manifestation originale et ambitieuse a essentiellement pour vocation de faire évoluer les mentalités. Un festival au programme de qualité à découvrir de toute urgence quelles que soient nos différences et préférences…pour qu’à l’inverse de ce que disait Chamfort, la vie ne soit pas seulement un miroir dans lequel l’homme ne peut voir que le reflet de lui-même.

vendredi 20 avril 2007

L'Inattendu de Fabrice Melquiot

Fabrice Melquiot, trentenaire rêveur et solitaire, comédien de formation s’est rapidement tourné vers l’écriture. Y consacrant aujourd’hui l’exclusivité de son temps, il crée des pièces de théâtre aux accents lyriques qui lui ont valu la reconnaissance de ses pairs et du public. Oscillant entre suivi des répétitions, écriture et voyages comme source d’inspiration, Fabrice Melquiot nourrit ses textes du monde qui l’entoure. Ayant rejoint la Comédie de Reims en 2002, il y créera L’inattendu en collaboration avec Emmanuel Demarcy-Mota, metteur en scène et ami. Jouant ici et ailleurs sur la thématique de l’acceptation de la mort par la prise de conscience de cette décomposition qui nous guette tous, il nous propose des œuvres qui naissent de la société pour mieux s’en élever sans jamais rien laisser au hasard, à l’inattendu... (© photo : Alain Hatat)

Dans une danse d’amour, un homme à la peau basanée dépose sur son lit une femme svelte, vêtue de noir, à la tignasse ondulée aussi sombre que son habit. Sur le plateau, la sobriété est de mise. Quelques doux rayons de lumières et une musique d’une profondeur déchirante, enivrante et saisissante. Une chambre et ses quelques meubles, un lit, une vitrine emplie de bouteilles colorées, une penderie, une table et des voilages. Liane s’éveille dans ce lit si désert ; veuve trop tôt, elle est dévastée et enragée. S’adressant à son homme, elle l’implore de revenir sans se rendre compte de l’absurdité de son plaidoyer. Consciente pourtant « qu’il faut parfois s’éloigner pour mieux se retrouver et se toucher »…
Touchante, assurément elle l’est, allant même jusqu’à dire la souffrance avec le sourire. A la fois femme enfant et femme mûre éperdument amoureuse, elle touche les cordes les plus profondes de l’imaginaire et de la sensibilité de chacun. Retrouvant chaque jour des bouteilles colorées au pied de son lit, comme des bouteilles à la mer, elle assimile cela à des messages envoyés par son mari. Elle décortique ce signe pour lui offrir une signification. Ce sera ainsi : chacune de ces fioles renfermera désormais un souvenir partagé avec ce cher disparu. Alternant soliloque et monologue dirigé vers cet absent, perdue dans cet amour à mort, elle frise à plusieurs reprises la folie. Répétant mainte fois « Je vais me laver les oreilles », « les mains géantes de mon mari », « Je vais effilocher des hamacs », elle témoigne du manque provoqué par l’absence et du laisser-aller que celle-ci entraîne inexorablement. Avec une sensibilité à fleur de peau, elle nous laisse pénétrer dans cet univers où elle tente du mieux qu’elle peut de survivre à la mort de son mari, son « petit chou, son tigre ». « Interdit le bonheur dans ce monde » dit-elle. Son avenir ? L’improbable retour de cet amour, de cet absent. Les années passent, elle se languit toujours plus. Prisonnière de son monde intérieur, elle efface la réalité qui l’entoure, oubliant même que la guerre fait rage au bas de ses fenêtres. « Mon tigre, dis moi que ce n’est qu’un mauvais rêve ». Faisant fi des malheurs du monde, enfermée dans son propre sort, cette Terre lui paraît bien étroite, telle une camisole de force. Son avenir est noir, elle ne souhaite que mourir sans pour autant s’octroyer cette délivrance. « Je radote mon petit chou et sur le radeau, c’est toi qui tiens les rames ». Liane, bien plus qu’un prénom, un véritable « lien » qui, tel une plante vivace, la cadenasse dans cet univers intime et sombre.
Puis un nouveau jour s’élève et ces fioles, symboles d’une vie passée, deviennent l’évidence d’un avenir à construire seule. Tels les lois et les codes, tout y est inscrit. La rencontre avec un certain Jésus, boucher de profession. Dans ces flacons, commence alors une nouvelle vie. Partir devient une évidence. Partir pour trouver les clés de ces menottes qui l’entravent, partir pour ne plus croire à Jésus et pour se rincer l’œil du malheur des autres afin d’oublier le sien... Cinq années s’écoulent, devenue photographe, elle revient de ce tour du monde. Témoin des guerres, des ravages du sida en Afrique et de toute cette misère, lourde est l’éponge de son œil. Bouleversée et grandie par cette prise de conscience, le deuil est fait. Son épopée l’a métamorphosée. « Revenir à soi et reconnaître une autre. Revenir à toi et ne plus te reconnaître ». L’ombre planante de son mari a disparu de cette chambre. Consciente que de cet amour il n’y a plus rien à espérer, elle entre à nouveau dans la vie.
Fabrice Melquiot nous offre ici toute la richesse de son art. Une écriture fluide, poétique, où se côtoient un raffinement de l’expression et un vocabulaire d’une quotidienneté évidente. Le texte, débité avec une subtile énergie, est parsemé de rimes fraîches et innocentes à l’image de l’héroïne. Wilma Lévy joue avec brio ce rôle de Liane, une femme à la fois triste, drôle, touchante et excessivement émotive. Cette pièce permet à chacun de sonder les rapports troubles entre l’autre et soi, entre la personne et le citoyen et tente de faire réfléchir autour de la question : Comment trouver un équilibre entre son individualité, sa relation à autrui et sa conscience civique ?
Reçue par un tonnerre d’applaudissement, la comédienne une fois son habit de scène jeté, émue jusqu’aux larmes, en demeure bouleversante. Le coeur soulevé de manière « inattendue », le public reste rêveur de la prestation de cet archétype féminin totalement anachronique, à la fois Antigone, Pénélope et femme d’aujourd’hui...« Inattendu…un mot pour tenir debout aujourd’hui. Ni souvenir, ni avenir ».

mercredi 18 avril 2007

Marseille en fête

© Atalante / Paris

La ville de Marseille organise pour la 12ème année consécutive son festival. Celui-ci s’articulera autour de quarante soirées du 19 juin au 13 juillet et se déroulera dans neuf lieux insolites de la ville. Cet évènement né en 1996, a pour ambition de « favoriser l’éclectisme, l’émergence de nouveaux talents et contribue à la candidature de Marseille au titre de capitale Européenne de la culture » selon Jean-Claude Gaudin, maire de Marseille.
Pluridisciplinaire et originale, la programmation offre des créations de premier choix produites par des professionnels confirmés venus d’horizons divers. Danse, expositions, cinéma, concerts et ateliers variés se rencontreront autour du « je », pronom à la fois singulier et pluriel. Suivant ce thème, le public pourra au fil des représentations creuser sa vie, replonger en enfance, rêver, s’inventer, se métamorphoser. Douce glissade du « je » au jeu ou profond questionnement sur l’explication de soi-même, chacun trouvera sa place dans ce spectacle. Ces manifestations auront lieu tour à tour au parc Henri Fabre, au théâtre de la sucrière, au cercle des nageurs, au théâtre de La Criée, à l’espace muséal Villeneuve-Bargemon, à l’auditorium du Pharo, au studio Kelemenis et au Musée d’art contemporain. Par la diversité de ces espaces, le festival de Marseille sera réellement, comme le souligne Apolline Quintrand – directrice du festival, « un lieu de rencontre, de partage et de découverte ».
Cette année vingt-cinq artistes, inspirés par cette idée du double « je », ont répondu présents à l’appel. Méditatif ou perturbateur, chacun d’entre eux a su avec une incommensurable inventivité recréer son univers. De la navigation chorégraphique en 3D de Seule avec loup à la jouissive complexité du pyromane Max Black, en passant par l’extase de la lenteur proposé dans Waterproof, tout semble en adéquation avec cette citation, véritable axe de réflexion du festival : « Que fais-tu tout le jour ? Je m’invente » (Paul Valéry).
Comme le mentionne Alain Hayot, vice-président du conseil régional – délégué à la culture, « La culture, c’est le coeur d’un projet de société ». En cela, de nombreux partenaires publics ont su se mobiliser pour offrir à cet évènement les moyens nécessaires à sa réalisation. Tout d’abord, la ville de Marseille, les mairies des 15ème et 16ème arrondissements, le conseil régional, le ministère de la culture, la préfecture des Bouches-du-Rhône et Euroméditerranée. A leurs côtés, de nombreux mécènes nationaux dont les principaux sont la Caisse d’épargne avec la Fondation Ecureuil et la Société Marseillaise de crédit mais aussi des mécènes étrangers : l’Institut Néerlandais, l’Ambassade des Pays-bas et le British Council. Cette année, le festival a également acquis quatre nouveaux mécènes venus soutenir certains spectacles: Voyage du monde, Agence Encore nous, Omniciel et Pom.
Ainsi Marseille, chef lieu de la deuxième région culturelle de France, doit être aux yeux de son maire « fraternelle, généreuse et culturelle ». Ville cosmopolite, métropole au patrimoine considérable au carrefour des cultures entre les deux rives de la Méditerranée, en recevant des artistes internationaux Marseille perpétue son identité. Par ce festival aux allures contemporaines, le « je » devenu jeu, multiple et singulier, offre à la cité phocéenne, unique mais plurielle, toute la splendeur de sa diversité. Dans un souci de proximité avec les habitants et dans une volonté d’accès accru à la culture, le festival de Marseille aura lieu dans de nouveaux espaces l’année prochaine, réintégrant ainsi le périmètre Euromed.
La location des places est d’ores et déjà ouverte sur Internet, et à partir du 2 mai sur les lieux de vente et par téléphone. Les billets pourront également être achetés sur le lieu de spectacle une heure avant le début de la représentation.

mardi 17 avril 2007

Une bouffée d’Oxygène au port autonome

Oxygène d’Yvan Viripaev, mis en scène pas Galin Stoev, était présenté du 11 au 14 Avril par Le Merlan au Port autonome. Un lieu atypique pour un message novateur et inspiré. Accueillis dans une atmosphère feutrée de rose, les spectateurs ont d’emblée bénéficié d’une ambiance de douceur et de volupté. Après un petit verre, Jean-Marc Diebold a gentiment incité le public à rejoindre ses places par un « Dirigez-vous vers la porte pour l’embarquement et bon voyage ». Le ton était donné, nous partions pour un certain périple…Et les voyages forgent la jeunesse…
Sur scène, un Dj, trois comédiens et autant de micros…Mis à nu, avec pour seules lumières quelques spots placés au-dessus des micros, le plateau offre toute sa simplicité d’existence. Tout commence par la narration de Sacha, qui raconte l’histoire d’un ami qui a tué sa femme à coups de pelle. De cette histoire singulière où l’on nous présente les poumons humains comme des danseurs va naître toutes les compositions de la pièce. Dix tableaux à la manière des dix commandements bibliques, ou plutôt dix contre commandements qui s’attellent à dépeindre les crises mondiales de ce XXIème siècle décadent. « Tu ne tueras point », « Tu ne commettras pas l’adultère », « Tu ne jugeras point », « Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés »…Autant de commandements pour autant de critiques de la société. Alternant entre monologue, dialogue et échange avec le public, Sacha et Sacha nous livre un impulsif concert de pensées et d’inquiétudes sur ce monde qui ne tourne pas rond. Dans un rythme endiablé, leurs paroles sont offertes au public à la manière du Slam. La musique, comme la danse, viennent s’adapter à la cadence du texte comme pour mieux le soutenir. Leurs propos sont entrecoupés d’un refrain insurgé, loufoque et distinct pour chaque composition : « Ne regarde pas avec convoitise, cela veut dire ne convoite pas dans ton coeur. Celui qui regarde une femme avec opacité ne convoite pas et est cadenassé. Celui qui regarde une femme avec opacité ne cherche pas à la combler mais à se vider », « Un gars qui passe la nuit à se branler sur la photo d’Anna Kournikova, ou à enculer un célèbre présentateur de télé, et qui le jour suivant fait voter des lois pour lutter contre la pornographie ». Des exemples osés, des termes sauvages pour condamner tour à tour la mauvaise foi, la société de consommation, la religion et ses dogmes, les idées préconçues, les évènements du 11 septembre, les guerres, ceux qui en leur nom se permettent de juger pour tous et le sens qui a perdu son sens. Pris par ce rythme trépidant, l’heure de spectacle semble n’être que quelques minutes. La représentation s’achève alors sur une ultime composition intitulée Le casque sur les oreilles, seuls les musiciens entendent la musique…leur propre mélodie, celle qui vient de l’intérieur. Une litanie qui amène à la question du choix de vie : « Où serais-je si je n’étais pas là ? Qui serais-je si… ? » Ouverture du hangar sur le port qui nous livre ses intimes lumières nocturnes, leurs reflets dans l’eau et ce grand silence qui laisse à chacun le temps d’assimiler le message. Cette chronique de deux fruits de l’arbre céleste capturés dans la nudité de leurs ressentis s’achève sur le récit de leur histoire : « Deux Etres humains de la jeunesse actuelle, Sacha et Sacha, qui vivaient paisiblement…mais arriva le XXIème siècle…Ils cherchèrent alors l’oxygène ».
Céline Bolomey, Gilles Collard, Stéphane Oertli et Antoine Oppenheim (Dj) offrent avec talent, le seul élément nécessaire à la vie…celui que l’on trouve dans l’amour : l’oxygène. De ce don, le spectateur repart avec un peu plus de liberté, conscient qu’aucun élément qu’il consommera ne sera aussi fort que celui-ci. Car être conscient de respirer, c’est réaliser que l’on vit et qu’il faut respecter la vie. Dressé contre cette main invisible qui contrarie la liberté, l’Oxygène permet de ne pas suffoquer à cause des injustices qui gouvernent le monde.
Un lieu brut, un langage familier voire grossier pour un message cru, brutal mais tellement juste et justifié. Accueillis sur des bancs d’école pour mieux se mettre au ban de cette société que l’on décrit et décrie ici, le spectateur oscille entre l’intime et le global. Oxygène du préfixe oxy-, du grec ancien oxus : aigre, acide et du suffixe –gène du grec ancien gennan : qui engendre. Semblable au nouveau-né qui crie à sa première bouffée d’air, l’oxygène engendre donc dans la douleur. Tel est le ton de la pièce…Oxygène contribue à une prise de conscience amère du grand désordre mondial tout en ouvrant les portes d’une renaissance vers un monde meilleur. Un univers où chacun chargé de son propre oxygène peut entreprendre librement sa vie en écoutant sa propre voix. Ce théâtre provocateur, vindicatif mais doucement drôle s’adresse à cette génération du XXIème siècle sur « la tête de laquelle, quelque part dans le froid cosmos, vole à une énorme vitesse une gigantesque météorite » (Ivan Viripaev). Une pièce finalement pleine de fraîcheur et d’espoir dans cette société qui à elle seule se sclérose. Un message de paix pour tous et pour soi-même que Le Merlan perpétue en offrant au sortir de la représentation une bouffée d’oxygène en sachet. Comme une trace de ce qui fera, si on le préserve, danser longtemps encore nos poumons…

vendredi 13 avril 2007

Premier long métrage pour Bernard Werber...


Né en 1961 à Toulouse, Bernard Werber écrit sa première nouvelle à l’âge de sept ans. Il commence l’année de son bac la rédaction de l’ouvrage qui deviendra un best-seller mondial, Les fourmis. Se lançant un temps dans le journalisme, il reviendra à son premier amour, l’écriture, dès 1991 en commercialisant Les fourmis. A la croisée de la prospective, de la sociologie, de l’anthropologie et de l’exploration des mythes, il porte un regard novateur et profondément original sur l’homo sapiens du début du XXIème siècle. Après avoir commencé par l’écrit, il persévère avec le théâtre en 2004 pour arriver au cinéma par des courts métrages, puis avec ce premier long métrage produit par Claude Lelouch…Nos amis les Terriens qui débarque dans nos salles obscures le 18 avril.
Après avoir progressivement scruté l’Homme par le regard des fourmis, des anges et des dieux…Nos amis les Terriens, long-métrage à la fois fiction et documentaire, dépeint ici l’Humain au travers des commentaires d’un extraterrestre, auquel Pierre Arditi prête sa voix. La question clé est : Que pourraient bien penser les extraterrestres s’ils nous observaient ? Tout commence dans une pièce obscure, suspendue dans le néant, où est séquestré un couple d’Etres Humains…petit A et petit B. Par l’analyse de ces deux spécimens « Terrienaux », les thématiques abordées sont celles de l’avenir de l’humanité, des rapports dominants / dominés, des codes du jeu social et du poids du regard de l’autre. Sur un ton ironique et un tantinet provocateur, tout ce qui compose notre quotidien est scruté au travers d’un télescope étranger. L’effet miroir déformant est troublant. Enfermés comme des animaux, car telle est la comparaison souhaitée par le réalisateur, ces humains sont rendus à leur propre nature. Les extraterrestres, après observation de leurs agissements envers ceux que l’on nomme les « bêtes », vont agir de la sorte avec ces humains. L’extraterrestre devient l’humain, l’humain devient à son tour l’animal. Leur offrant, au fur et à mesure, des vêtements pour cacher cette nudité qui semble les gêner, une roue pour se divertir tel un hamster, des toilettes car l’humain ne rend pas ses déjections à la nature…. Tel est le ton du film…Autant de constatations qui répondent aux diverses interrogations de ces étrangers venus observer la bizarrerie humaine. Les Terriens sont-ils comestibles ? Sont-ils étanchent ? Sont-ils intelligents ? Comment gèrent-ils leurs déchets ? Des questions plus loufoques les unes que les autres qui, sous leur apparente légèreté, nous poussent à jeter un regard inquisiteur sur notre propre mode de fonctionnement. Nos homologues débarqués d’ailleurs vont peu à peu offrir des congénères aux premiers cobayes…comme lorsque nous offrons à notre animal de compagnie un de ses semblables pour éviter son éventuel ennui. De ce mélange va se créer des tensions, des relations de domination conflictuelles qui aboutiront à la mort de l’un d’entre eux. Coincé dans son rôle, l’humain éprouve les plus grandes peines à modifier son rang, la violence devenant alors un outil. Aux travers de différents traits Terriens, le réalisateur nous montre que l’Homme mord là où il a peur d’être mordu. Les peurs de chacun nourrissant les rapports de force, venant à leur tour compliquer la vie de Terrien. Bernard Werber nous livre une douce critique de l’humain et de ses agissements. Il nous dépeint le portrait d’Etres qui nous ressemblent…Ce film « Ovni », tel que le qualifie le réalisateur, transforme ceux qui le voient. Il entraîne par le choc des images et la véracité criante de celles-ci, vers une introspection à la fois provocante et séduisante…

Rencontre avec celui qui, par ses œuvres, tente de répondre à la question :
Qui sommes-nous ?

Ce film se place dans la continuité du court métrage et de la pièce de théâtre Nos amis les humains. Comment est né ce projet de long métrage ? Claude Lelouch en tant que producteur est-il un choix personnel?

J’ai toujours voulu faire du cinéma, avant même d’écrire des livres. Les fourmis étaient un scénario avant de devenir un livre. Beaucoup de producteurs ont eu peur de ce projet, seul Claude Lelouch a été intéressé et est allé jusqu’au bout. Ce que je fais dans mes livres ressemble beaucoup à du cinéma Américain et coûte donc cher à mettre en scène. Cela rebute les producteurs. Je n’ai donc pas choisi Claude Lelouch, mais c’est un Etre humain génial. En fait, il avait tellement ri devant le court métrage Nos amis les humains, qu’il a souhaité poursuivre l’aventure. Il l’a produit avec ses propres économies. Claude m’a dit : « Comme ça on n’a pas de compte à rendre ». On est donc allé jusqu’au bout.

Ce film dépeint l’homme dans tous ses comportements. Quelle était votre volonté pour ce film ? Quel message souhaitiez-vous transmettre ?

J’ai souhaité dans toutes mes œuvres observer les Hommes différemment. Je recherche un effet miroir avec une perspective. J’ai aussi souhaité montrer que ce que l’on fait aux animaux est malhonnête. Pour moi ce film est une autodérision complète dans laquelle cohabite trois niveaux de langages : ce que l’on voit, la voix off et la musique. Ce film est un tel Ovni, que je ne sais pas si le public sera au rendez-vous. Il est fait pour les curieux et en cela c’est un film fragile qui a pour but de proposer autre chose avec toute la difficulté de proposer autre chose.

Comment s’est déroulé le tournage ?

Il y a eu 3 mois de tournage. Au début nous étions seulement quatre. Au téléobjectif, j’observais les gens dans la rue et puis les autres allaient demander leur autorisation pour être filmés. Pour toutes les scènes de rencontres entre humains, nous étions alors vingt dans l’équipe. Pour les scènes en studio, nous sommes alors devenus un gros village de 200 individus. Un défi à gérer. Ces scènes en studio concernent les effets spéciaux qui représentent ¼ du coût du film.

Les acteurs ne sont pas connus pour la plupart. Comment expliquez-vous ce choix ?

Nous avons effectué un casting avec 400 personnes. Il fallait que les acteurs ressemblent aux gens dans la rue. Puis c’est mon premier film, autant que je fasse connaître autre chose, d’autres personnes. Et je ne vois pas pour quelle raison les extraterrestres devraient en particulier rencontrer des célébrités… (Rire)

lundi 9 avril 2007

Nouvel album pour Dawta Jena & Urban Lions

Dawta Jena, artiste d’origine Arménienne de 24 ans, écrivant des textes depuis l’âge de 14 ans s’est lancée très tôt dans l’aventure musicale dans la ville où elle a grandi, à Vitrolles. Chantant Brel, Brassens et Barbara dans les premières parties de sa professeur de chant, elle s’est rapidement éprise pour la scène. Aujourd’hui, femme sensible, touchante, inspirée, citoyenne du monde et révoltée, elle nous offre son message de paix. Dawta Jena & Urban Lions, groupe né en 2002 à Marseille de l’amitié entre Jena, Vince, Fab et Alex, nous livre une musique du monde dans laquelle se mêlent harmonieusement reggae roots, jazz et sonorités orientales. Une fusion des genres où les sentiments et le message occupent la première place. A présent accompagnée de ses huit musiciens, Dawta Jena vient de sortir son second opus intitulé Halleluhjah. A l’occasion de ce nouvel album, j'ai souhaité rencontrer cette artiste engagée qui délivre si délicieusement son souffle de tolérance dont l’humanité a bien besoin…

Muriel Tancrez : Le groupe existe depuis 2002, la musique a-t-elle toujours été une évidence pour toi ?

Dawta Jena : Non, la musique n’a pas toujours été une évidence. Je n’ai pas appris la musique mais j’ai grandi dans la musique. Lorsque j’étais dans le ventre de ma mère, elle me passait du Bob Marley. Ce qui compte pour moi, c’est l’expression. A l’âge de 14 ans, j’étais déjà dans l’observation des injustices, et pour moi la musique était la forme la plus universelle pour faire passer mon message, pour toucher le maximum de personnes.

M.T : Lorsque l’on vous écoute jouer, on se dit : « Ce reggae là est différent de ce que l’on a l’habitude d’entendre ». Comment expliques-tu cette différence ? Et comment définis-tu ton style musical ?

D.J : C’est une musique qui a une âme. C’est la seule ligne conductrice. C’est un message de paix, d’unité et de tolérance. Dans l’histoire de l’humanité tu as énormément de peuples, d’ethnies qui ont déjà une âme…Toutes ces influences là ont, dans l’esprit universel dans lequel je vis, un impact sur ce que je réalise. « Musique du monde » est une expression qui me plaît, car c’est la musique du « Monde ». Je ne peux pas me situer dans un style car je ressens des émotions trop variées. Pour le choix de la dominante reggae, là c’est mon goût personnel qui s’exprime. Ma musique est quelque chose de très intuitif. Ce que j’écris est très intime. On ne peut pas vraiment dire que nous sommes dans une mouvance de groupe. Chaque musicien a sa place et s’épanouit à sa place.

M.T : La présence d’un violon dans une musique à dominante reggae est plutôt rare. D’où est née cette idée ?

D.J : Je cherchais un violoniste car quand j’écris ma musique, j’ai déjà tout dans la tête. Si tu veux j’avais un violon dans ma tête (rire). J’ai donc cherché un musicien et Sitraka m’a répondu. Je n’aurais pas pris non plus n’importe quel violoniste. Sitraka est quelqu’un qui humainement a une richesse énorme. Puis, il est d’origine Malgache, venant d’une famille immigrée, on a donc des ressentis assez proches. Sa rencontre m’a d’autant plus poussée à lancer mon album solo, très acoustique où les textes suivent une respiration et ne sont pas esclaves d’une rythmique. Et j’ai aussi créé une autre formation, avec certains de Urban Lions, pour cet album qui se nomme Brillant échec que l’on enregistre actuellement.

M.T : Quel est le but, le message que toi et le groupe souhaitez faire passer ?

D.J : Je regarde l’histoire dans sa globalité et je me dis qu’il y a une harmonie possible. On peut y arriver, ce n’est pas une utopie, et si c’est une utopie...il faut y arriver. Il faut toujours être très utopique, c’est là qu’il y a les plus beaux trésors. Ma devise c’est : « Ne jamais essayer de rentrer chez soi avec les clés du voisin ». Chaque personne a sa propre clé. En étant soi-même, on peut trouver l’harmonie avec les autres.

M.T : Bon nombre de tes textes reprennent les thématiques des grands génocides, une certaine critique de la société et de l’humanité telle qu’elle se comporte. Que voudrais-tu voir changer dans nos modes de vies et dans la société actuelle ?

D.J : En fait, j’aimerais que tous les jours les individus aient conscience d’être vivants. Qu’ils considèrent l’autre comme l’autre et non pas comme un moyen ou un obstacle. Si les personnes sont heureuses, elles seront heureuses d’être sur Terre et ne continueront pas à la détruire. C’est ça que j’aimerais changer…

M.T : Tu te définis sur ton site comme quelqu’un de « rebelle, nerveuse et toujours heureuse ». Mais qui est exactement Dawta Jena ?

D.J : (rire)…Je suis Jena. Mes parents m’ont appelé Julie à la naissance. C’est le prénom qu’ils m’ont donné sans me connaître. Aujourd’hui, je peux dire moi-même qui je suis et je suis Jena. Je pense que je suis à la fois actrice et observatrice…à la fois blanche, à la fois noire. Je suis toutes les contradictions de ce monde. Je suis à la fois stable et déséquilibrée…et je suis quand même pas mal équilibrée finalement (rire). Je fais partie de ce monde mais je suis aussi un peu dans la lune…et c’est ma seule richesse en même temps. Je suis une femme et à la fois un bébé…Je n’ai pas d’entrave. Je suis libre comme un bébé qui a juste besoin de manger, de boire, de voir sa mère, qui aime s’amuser et qui pleure aussi pour des caprices…ou parce que le monde est trop injuste.

M.T : On observe dans tes textes un attachement profond aux origines Arméniennes transmises par ton père. D’où vient cet attachement si fort ? T’es-tu déjà rendue sur la terre de tes ancêtres ?

D.J : Non, je n’y suis jamais allée. Mais ce sera fort le jour où j’irai. Je ne me sens pas appartenir vraiment à un endroit de la Terre et pourtant il y a quelque chose qui m’attire là bas. Pourquoi j’y suis attachée…j’aime les personnes qui m’ont transmis cette culture, tout simplement. Cette culture qui est faite d’une grande liberté au niveau de la foi et du mysticisme, d’être un peu l’esprit et de faire partie d’un esprit, une certaine légèreté face à la vie et un recul face aux Etres humains.

M.T : Ton nom est Jena Nersessian, mais ton nom de scène est Dawta Jena. Que signifie Dawta ?

D.J : Dawta car je suis très influencée par la culture rasta depuis toute petite. Je voulais le mettre en avant sur mon nom de scène, mais je ne voulais pas m’appeler Sista car ça a une connotation trop religieuse. Dawta c’est la fille, et je me sens la fille de Jah, de l’esprit universel et de mère nature. Et puis c’est un titre qui est peu utilisé contrairement à d’autres. Dawta c’est libre…et ça rime (rire).

M.T : Lorsque l’on s’adresse à toi, tu es calme et parles posément. Une fois sur scène, une énergie incroyable se dégage de toi. Pour reprendre les termes de certains spectateurs « tu as l’air en transe » et tu as une aura époustouflante. D’où te vient cette force ?

D.J : J’ai conscience de ça car on me l’a dit. Pour savoir qui je suis, il faut me voir sur scène… Ceux qui sont impressionnés par moi le sont peut être car, contrairement à certains qui s’enferment dans des carcans par peur d’être jugés, moi je suis juste libre d’être ce que je suis. Alors je ne sais pas si c’est tellement honorable, c’est peut être juste qu’il y a certaines personnes qui aimeraient avoir cette liberté. En tout cas, je ne cherche pas à plaire. Mais c’est vrai qu’en société, je me montre plus « clean » (rire)…Sur scène, il n’y a pas de passé, de présent et de futur…Le temps est suspendu…comme les jardins de Babylone.

M.T : Sur ton site, on peut lire que tu es influencée par Gandhi. En quoi exactement ?

D.J : Je suis née dans une famille athée, je n’ai pas eu d’éducation religieuse. En grandissant, je me suis intéressée à ces rassemblements de gens autour de religions. A l’est, j’ai fini par voir Gandhi, un pacifiste. Quand je parle de paix, je pense à Gandhi. Je pense que l’on a pas mal de choses à apprendre de cet homme. Il a dit cette phrase que j’aime beaucoup : « Si la non-violence est l’avenir de l’humanité, le monde appartient aux femmes ».

M.T : La France et Marseille fêtent pendant un an l’Arménie. Que représente pour toi cet évènement ?

D.J : Mon grand-père n’a pas eu le temps de voir la reconnaissance du génocide. Alors je n’ai pas de rancœur, mais l’année de l’Arménie en France…L’Arménie, je la vis au travers de ma propre famille…Et en même temps, je trouve ça bien que l’on montre aux divers émigrés de France qu’on reconnaît leur histoire et que l’on a une pensée pour eux. Il faudrait que le métissage soit constant, que le terme d’égalité existe une fois pour toute.

M.T : Le reggae est un style musical où les voix dominantes sont majoritairement masculines. Est-il difficile pour une femme de s’affirmer et de se faire connaître dans ce registre musical ?

D.J : Je suis une femme et je pense être en même temps toutes les autres femmes qui vivent sur cette Terre. Ces femmes que l’on mutile, que l’on bat à mort, à qui l’on met un voile sur la bouche pour ne pas qu’elles parlent. Je ne suis pas torturée mais je suis consciente que notre monde doit évoluer avec la femme. Tout simplement être une femme et chanter ce style de musique se réduit à peu de choses. Je suis Arménienne mais j’aurais pu être noire…Donc un homme qui va mal me juger parce que je suis une femme, cet homme-là malheureusement je ne peux même pas le considérer car on n’évolue pas sur la même sphère.

M.T : Ton deuxième album Halleluhjah vient de sortir fin mars. Quel est le message principal qu’il transporte ?

D.J : Il ne porte pas de message précis, il est une continuité de la pensée globale lancée par le premier album. Toutes les œuvres à venir sont dans cette continuité, se nourrissent d’émotions multicolores et se nourriront en plus de mes expériences de vie à venir.

M.T : Le premier album, Feelin’ roots, n’avait pas été commercialisé. Vas-tu à présent le commercialiser ? Une date de sortie est-elle prévue ?

D.J : Le premier album sera commercialisé bientôt, tout de même en tant que premier album. Il y a une grande cohérence entre les deux albums. Tout comme dans la logique des plasticiens…pour comprendre le cheminement de ma pensée, il faut reprendre les oeuvres dès le début.

M.T : Comment vois-tu évoluer le groupe à l’avenir ? Un troisième album est-il déjà en projet ?

D.J : Un troisième album avec des rythmes Africains est prévu, Amazone, sur la condition de la femme justement. Comment je vois évoluer le groupe…J’ai confiance en moi et j’espère vraiment par amour et par amitié que les musiciens avec qui je travaille continueront à me suivre. Actuellement, j’aimerais trouver des choristes pour m’accompagner comme des touches de couleur sur certains morceaux. Peut-être que ce seront les musiciens du groupe qui participeront à ça.

M.T : Pour clore cette interview, si tu devais adresser un message à nos lecteurs. Quel serait-il ?

D.J : (réflexion) J’espère que la page qu’ils vont tourner les ramènera à moi…



Retrouvez leur album Halleluhjah (Production : Dawta Jena / Distribution : Mosaïc music) dans toutes les Fnac de France, les Planète Saturn et par commande sur le site du groupe et Virgin.

Venez les découvrir :
- le 21 avril à La machine à coudre à 21h30
- le 26 mai à la faculté Saint-Charles à partir de 22h (concert organisé pour soutenir l’association de solidarité internationale Phenix, gérée par des étudiants de l’IUP environnement, technologie et société ; qui participe à l’amélioration des conditions d’hygiène, de santé, d’éducation et de gestion de l'environnement de populations en difficulté)
- le 23 juin à la Maison pour tous - La grognarde
Retrouvez les autres dates sur
http://www.dawta-jena.com/