vendredi 13 avril 2007

Premier long métrage pour Bernard Werber...


Né en 1961 à Toulouse, Bernard Werber écrit sa première nouvelle à l’âge de sept ans. Il commence l’année de son bac la rédaction de l’ouvrage qui deviendra un best-seller mondial, Les fourmis. Se lançant un temps dans le journalisme, il reviendra à son premier amour, l’écriture, dès 1991 en commercialisant Les fourmis. A la croisée de la prospective, de la sociologie, de l’anthropologie et de l’exploration des mythes, il porte un regard novateur et profondément original sur l’homo sapiens du début du XXIème siècle. Après avoir commencé par l’écrit, il persévère avec le théâtre en 2004 pour arriver au cinéma par des courts métrages, puis avec ce premier long métrage produit par Claude Lelouch…Nos amis les Terriens qui débarque dans nos salles obscures le 18 avril.
Après avoir progressivement scruté l’Homme par le regard des fourmis, des anges et des dieux…Nos amis les Terriens, long-métrage à la fois fiction et documentaire, dépeint ici l’Humain au travers des commentaires d’un extraterrestre, auquel Pierre Arditi prête sa voix. La question clé est : Que pourraient bien penser les extraterrestres s’ils nous observaient ? Tout commence dans une pièce obscure, suspendue dans le néant, où est séquestré un couple d’Etres Humains…petit A et petit B. Par l’analyse de ces deux spécimens « Terrienaux », les thématiques abordées sont celles de l’avenir de l’humanité, des rapports dominants / dominés, des codes du jeu social et du poids du regard de l’autre. Sur un ton ironique et un tantinet provocateur, tout ce qui compose notre quotidien est scruté au travers d’un télescope étranger. L’effet miroir déformant est troublant. Enfermés comme des animaux, car telle est la comparaison souhaitée par le réalisateur, ces humains sont rendus à leur propre nature. Les extraterrestres, après observation de leurs agissements envers ceux que l’on nomme les « bêtes », vont agir de la sorte avec ces humains. L’extraterrestre devient l’humain, l’humain devient à son tour l’animal. Leur offrant, au fur et à mesure, des vêtements pour cacher cette nudité qui semble les gêner, une roue pour se divertir tel un hamster, des toilettes car l’humain ne rend pas ses déjections à la nature…. Tel est le ton du film…Autant de constatations qui répondent aux diverses interrogations de ces étrangers venus observer la bizarrerie humaine. Les Terriens sont-ils comestibles ? Sont-ils étanchent ? Sont-ils intelligents ? Comment gèrent-ils leurs déchets ? Des questions plus loufoques les unes que les autres qui, sous leur apparente légèreté, nous poussent à jeter un regard inquisiteur sur notre propre mode de fonctionnement. Nos homologues débarqués d’ailleurs vont peu à peu offrir des congénères aux premiers cobayes…comme lorsque nous offrons à notre animal de compagnie un de ses semblables pour éviter son éventuel ennui. De ce mélange va se créer des tensions, des relations de domination conflictuelles qui aboutiront à la mort de l’un d’entre eux. Coincé dans son rôle, l’humain éprouve les plus grandes peines à modifier son rang, la violence devenant alors un outil. Aux travers de différents traits Terriens, le réalisateur nous montre que l’Homme mord là où il a peur d’être mordu. Les peurs de chacun nourrissant les rapports de force, venant à leur tour compliquer la vie de Terrien. Bernard Werber nous livre une douce critique de l’humain et de ses agissements. Il nous dépeint le portrait d’Etres qui nous ressemblent…Ce film « Ovni », tel que le qualifie le réalisateur, transforme ceux qui le voient. Il entraîne par le choc des images et la véracité criante de celles-ci, vers une introspection à la fois provocante et séduisante…

Rencontre avec celui qui, par ses œuvres, tente de répondre à la question :
Qui sommes-nous ?

Ce film se place dans la continuité du court métrage et de la pièce de théâtre Nos amis les humains. Comment est né ce projet de long métrage ? Claude Lelouch en tant que producteur est-il un choix personnel?

J’ai toujours voulu faire du cinéma, avant même d’écrire des livres. Les fourmis étaient un scénario avant de devenir un livre. Beaucoup de producteurs ont eu peur de ce projet, seul Claude Lelouch a été intéressé et est allé jusqu’au bout. Ce que je fais dans mes livres ressemble beaucoup à du cinéma Américain et coûte donc cher à mettre en scène. Cela rebute les producteurs. Je n’ai donc pas choisi Claude Lelouch, mais c’est un Etre humain génial. En fait, il avait tellement ri devant le court métrage Nos amis les humains, qu’il a souhaité poursuivre l’aventure. Il l’a produit avec ses propres économies. Claude m’a dit : « Comme ça on n’a pas de compte à rendre ». On est donc allé jusqu’au bout.

Ce film dépeint l’homme dans tous ses comportements. Quelle était votre volonté pour ce film ? Quel message souhaitiez-vous transmettre ?

J’ai souhaité dans toutes mes œuvres observer les Hommes différemment. Je recherche un effet miroir avec une perspective. J’ai aussi souhaité montrer que ce que l’on fait aux animaux est malhonnête. Pour moi ce film est une autodérision complète dans laquelle cohabite trois niveaux de langages : ce que l’on voit, la voix off et la musique. Ce film est un tel Ovni, que je ne sais pas si le public sera au rendez-vous. Il est fait pour les curieux et en cela c’est un film fragile qui a pour but de proposer autre chose avec toute la difficulté de proposer autre chose.

Comment s’est déroulé le tournage ?

Il y a eu 3 mois de tournage. Au début nous étions seulement quatre. Au téléobjectif, j’observais les gens dans la rue et puis les autres allaient demander leur autorisation pour être filmés. Pour toutes les scènes de rencontres entre humains, nous étions alors vingt dans l’équipe. Pour les scènes en studio, nous sommes alors devenus un gros village de 200 individus. Un défi à gérer. Ces scènes en studio concernent les effets spéciaux qui représentent ¼ du coût du film.

Les acteurs ne sont pas connus pour la plupart. Comment expliquez-vous ce choix ?

Nous avons effectué un casting avec 400 personnes. Il fallait que les acteurs ressemblent aux gens dans la rue. Puis c’est mon premier film, autant que je fasse connaître autre chose, d’autres personnes. Et je ne vois pas pour quelle raison les extraterrestres devraient en particulier rencontrer des célébrités… (Rire)

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