dimanche 8 avril 2007

La création d'entreprise au féminin

Les 26 et 27 mars derniers se tenait au Parc Chanot la 9ème édition du forum régional de la création d’entreprise. Cette manifestation organisée par l’association Génération entreprendre rassemblait 100 exposants et 5 villages de stands regroupant les acteurs de l’aide à la création. Pour la première fois cette année, le forum a décerné aux côtés de ses prix habituels le prix coup de coeur de la création et de la reprise au féminin. Face au fossé subsistant encore entre hommes et femmes à des postes de direction, en particulier dans l’univers de la culture, quel est le positionnement de la région en matière d’aide à la création ?


Interview de Michèle Tregan, conseillère déléguée à l’emploi à la région et présidente de la commission d’appel d’offres


Muriel Tancrez : La création d’entreprise est un axe majeur des politiques économiques régionales. Qu’en est-il en région Provence-Alpes-Côte d’Azur ? Quels sont concrètement les types d’aides apportés ?

Michèle Tregan : La création d’entreprise est en effet une priorité en PACA dans le cadre d’une économie sociale et solidaire, et dans celui de la politique de l’emploi car elle permet de sortir du chômage. Toute création d’entreprise est louable et appuyée à condition d’être pérenne et de ne pas créer plus de précarité par la suite. Et en cela, la région offre un accompagnement financier, psychologique, marketing et managérial. Pour ce faire, nous proposons des aides directes sous forme de prêts à la création et de prêts à la transmission pour assurer la filiation des entreprises. A leurs côtés, nous finançons d’autres aides indirectes pour lesquelles des opérateurs sont choisis afin d’accompagner les porteurs de projets. La Région délègue également cette activité par le biais des bassins d’emploi, des chambres de métiers et des relations de proximité. Elle finance certaines structures de créance pour pallier le manque de prise de risque des banques en matière d’accompagnement à la création. Aux côtés des banques, de nombreux organismes soutiennent la création notamment les 22 plateformes d’initiative locale présentes en PACA par l’intermédiaire d’un prêt d’honneur. Prêt pour lequel il n’y a ni intérêt, ni la nécessité de garanties personnelles. L’ADI, entreprise spécialiste en gestion alternative s’adresse, quant à elle, à ceux qui n’ont pas accès aux prêts d’honneur. Le CPEM (Centre de promotion de l’emploi par la micro-entreprise) accompagne, quant à lui, dans toutes les démarches de création d’entreprise et aide à l’obtention des financements nécessaires à la réalisation d’un projet. Nous mettons également en place des dispositifs de capital risque pour les entreprises à potentiel. Le conseil régional finance aussi les couveuses qui permettent de tester au préalable l’activité. Ces agencements peuvent d’ailleurs être utiles dans la création d’entreprise culturelle, afin d’offrir un accompagnement et de tester le potentiel de développement. Ce sont l’ensemble de ces formes d’aides qui s’inscrivent dans l’économie sociale et solidaire de la région.


Muriel Tancrez : Les chiffres sont éloquents, 70% des chefs d’entreprises sont des hommes contre 30% de femmes. Face à ce constat, quel est le positionnement de la région en matière de création d’entreprise au féminin ?

Michèle Tregan : La place de la femme est très importante pour la région, c’est un combat général. Nous menons une véritable lutte contre la discrimination homme/femme au sein des entreprises. L’exemple est d’ailleurs montré au sein du conseil régional puisque nous appliquons la parité totale. Les principaux freins auxquels sont confrontés les femmes sont culturels, liés au problème des enfants mais aussi au manque de confiance des créanciers dans la gente féminine. La région s’interroge sur comment lever les freins de la création d’entreprise par les femmes. Et pour ce faire, nous avons la volonté de mener une véritable réflexion de fond sur cette thématique en collaboration avec tous les acteurs sociaux et économiques. Je pense que les femmes doivent aller dans le tronc commun de la création. Une femme n’est pas différente d’un homme en matière de création. Je pense que la place des femmes dans l’entreprise est très liée finalement à celle qu’elles occupent dans la société, et en cela elle est un indicateur du développement d’un pays. En France, depuis 30 ans des organismes spécialisés dans l’information des droits des femmes les aident à mener à bien leurs projets. Le Centre d’orientation, de documentation et d’information des femmes (CODIF) accompagne les femmes d’un point de vue juridique, tandis que le centre national d’information sur les droits des femmes et des familles (CNIDFF) contribue à une prise en compte des problématiques exprimées par les femmes et à un accompagnement dans le cadre du fonds social Européen.


Muriel Tancrez : Cette année pour la première fois a été remis le prix coup de coeur de la création d’entreprise et de la reprise au féminin lors du forum régional de la création d’entreprise. Pourquoi ce nouveau prix cette année ? Quels autres événements sont organisés pour susciter la création au féminin ?

Michèle Tregan : Le prix coup de coeur de la création d’entreprise et de la reprise au féminin a été crée après le constat de ne voir que très peu de femmes dans la création d’entreprise. Nous espérons que ce nouveau prix attirera de nouvelles prétendantes. Aux côtés de cette récompense, le projet Européen « Entreprendre à part égale à Marseille » porté par le fonds social Européen vient apporter des solutions adaptées aux démarches entreprenariales des femmes. Cette action a pour but de permettre davantage de pérennité et d’efficacité aux entreprises touchées par la discrimination hommes/femmes par le biais d’opérations de repérage, d’essaimage social et de sensibilisation. A l’échelle de la ville, la mission locale de Marseille apporte elle aussi un soutien aux femmes.


Muriel Tancrez : Le secteur culturel est particulièrement touché par la discrimination homme/femme aux postes de direction. Quelle est la place de la culture dans la politique d’aide à la création lancée par la région ?

Michèle Tregan : La culture est un secteur économique important et qui de plus possède une âme. Elle demande un grand professionnalisme et en cela c’est un secteur très difficile et précaire. Mais elle permet la continuité du lien social et crée néanmoins de l’emploi. Lorsque l’on parle d’économie culturelle, c’est aussi d’économie au sens large que nous parlons. Ainsi, en tant que secteur de l’économie régionale, le conseil régional est prêt à soutenir toute initiative, en partenariat également avec l’appui apporté aux pépinières et aux incubateurs locaux.

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