dimanche 9 mars 2008

Voyage à Paris - Carnet de bord 3

Le 05 mars :

Aujourd’hui, ce sera Montmartre !



La journée commence par un café Rue Magenta, à Barbès. On est bien loin du Paris des quais de Seine, mais je me sens mieux ici d’autant que les commerçants et cafetiers sont forts sympathiques ! Davantage qu’à Marseille me dis-je…Je longe ensuite le Boulevard Rochechouault que l’on pourrait appeler Boulevard Tati, tellement ces magasins sont ici nombreux. Au hasard d’une ruelle, le dôme du Sacré Cœur, qui m’avait tant plu il y a dix ans, se dévoile ! Je bifurque dans sa direction. C’est vraiment très beau, d’autant que le soleil est au zénith. Une fois en haut et quelques photos en boite, je rentre dans la basilique. Etrangement émue par le calme du lieu, je dépose un cierge, moi qui ne suis même pas baptisée. Pourtant, il y a vraiment quelque chose dans ce lieu qui m’envahis…Beaucoup de gens prient, yeux ouverts ou fermés, mains croisées ou pas, la conviction toujours présente assistée parfois d’une tristesse dans les yeux de certains. Je me dis alors que la vie n’est vraiment pas facile pour tout le monde et repense au sdf aperçu hier sur la bouche de métro, aux Champs-Elysées. Je ressors enfin de ce lieu magique, avec un drôle de sentiment entre tristesse et bonheur…M’asseyant sur les marches du parvis, j’écris à présent depuis une heure, la basilique derrière et les toits parisiens baignés de soleil en face. Il est presque 10h, la magie se rompt par une arrivée massive de touristes. Je me retire, place du Tertre, au cœur de Montmartre.



- Midi, pause syndicale sur la butte...



La pause s’impose et se fait au Relais de la Butte, près du célèbre Bateau Lavoir où travaillèrent de nombreux peintres dont Picasso. La sirène retentit soudain, je me crois deux secondes à Vinça jusqu’à ce que je me rappelle que l’on est le premier mercredi du mois. Cette pause signe la fin de ma visite de Montmartre qui est assurément le quartier de Paris où j’aimerais vivre. Peut-être d’ailleurs parce qu’il ressemble à un village ! Un magnifique village avec des vignes, et des moulins même. En occultant les toits en ardoises, on se croirait presque en Provence. Ici, faute de cigales, on entend néanmoins les oiseaux chanter – cadeau précieux dans une si grande ville ! Au hasard des rues, je tombe sur le doyen des cabarets parisiens, le Lapin Agile. Devant lui, ce sont quatre chiens, agiles aussi, qui chahutent devant leur maître qui, lui, papote avec trois vieilles dames. Le calme est maitre dans ces rues toutes pavées, et ces jeux humains et canins semblent sortis d’un film. Moi, la scène me fait sourire, m’émeut. Je continue ma route pour prendre le métro direction Pigalle. Sur mon chemin je remarque qu’à Montmartre, les gens se parlent, se disent bonjour, semblent s’apprécier…du moins se reconnaître entre pairs. Exit l’apriori du TGV 6130 !



- Pigalle, j’y suis !

Dans mes souvenirs, il y avait pleins de sex shop et dix ans plus tard, je me rends compte que le Boulevard de Clichy est le repère des sex shop. C’est cocasse toutes ces enseignes lumineuses et ces hommes qui y rentrent naturellement comme s’ils allaient acheter leur pain ! Musée de l’érotisme, librairies épicuriennes et supermarchés sexys viennent accompagner les cabines automatiques. A Pigalle, le sexe est un culte où sans honte, de nombreux parisiens sont au rendez-vous de la messe !




- 13h30, direction grands boulevards…

Après le repas devenu rituel avec Rachel Rue Georges V, je repars pour l’Etoile prendre la ligne 2 direction Opéra Garnier. Visite sommaire pour cause de coût excessif, la beauté de l’édifice ne me laisse néanmoins pas insensible ! Une longue longue marche le long de ce que l’on appelle les grands boulevards s’en suit. Des Galeries Lafayette au Printemps, du Boulevard Haussmann au Boulevard Poissonnière ; une ligne droite continue signe pourtant la fracture entre le Paris riche et celui du Sentier. En avance sur un programme pourtant chargé, décision est prise de se rendre Métro Cité pour revoir Notre Dame et ses gargouilles. Dans le métro, je me surprends à renseigner une parisienne sur la ligne de métro à prendre. A croire que Paris se laisse rapidement apprivoisée… « Cité, Cité » répète la voix dans les hauts parleurs de la rame. Je me hâte et m’extirpe comme je peux de la masse. Une fois sortie au grand air, je tombe nez à nez avec le Palais de Justice. A quelques mètres, un jeune homme fait la manche en portant un panneau de carton où est inscrit : « Un peu de monnaie pour m’acheter une voiture diesel », puis de l’autre côté « Un peu de monnaie pour me payer un voyage sur la lune ». Surprise, je rigole ouvertement…Lui aussi. Aussi, oublie-t-il de me tendre la main. Sur l’Ile de la Cité, et en particulier sur le Parvis de la cathédrale, les roumains sont nombreux à quémander. Ils ont tous la même méthode, demander d’abord si l’on parle anglais pour engager la conversation puis réclamer ensuite des sous. Méthode qui n’est pas sans rappeler la fameuse technique de la porte au nez (foot-in-the-door) utilisée en psychologie sociale. Moi, définitivement, je ne sais plus parler anglais jusqu’à demain…Je rentre brièvement dans Notre Dame mais il y a vraiment trop de monde, je décide alors de découvrir le quartier Latin et de visiter L’Institut du Monde Arabe.



- 16h00, le monde arabe et ses surprises…

Marchant le long des trottoirs, je longe la faculté de Jussieu et ses travaux. La Rue des chantiers, faisant face à la dites université, n’aura certainement jamais si bien porté son nom ! La façade de verre de l’Institut (IMA) apparaît… Je me dirige en sa direction. A l’entrée, les sacs sont soumis aux rayons, les mêmes que dans les aéroports. Une fois fouillée, je vais consulter les tarifs, précaution ultime…Je découvre, effarée, que l’entrée du musée est hors de prix et que chaque exposition temporaire vaut en sus 8€. Contrainte au repli, j’entends tout à coup dans mon dos, à voix basse, « si une exposition vous intéresse, venez me voir je vous ferai rentrer gratuitement ». C’était le vigile de l’entrée. Surprise et même gênée, il insiste et me rassure. Je pars donc carrément pour une visite guidée du musée avec celui qui s’appelle Aziz. Sur la terrasse, la vue de Paris est imprenable et je découvre, fascinée, le principe mis en place par Jean Nouvel pour les façades vitrées. Celles-ci possèdent des ouvertures, semblables à des diaphragmes d’appareils photos, qui s’ouvrent ou se referment pour préserver le même ensoleillement à l’intérieur. Fascinant ! Puis Aziz me conduit jusqu’à l’exposition de mon choix, celle sur les Phéniciens, ces précurseurs de l’alphabet moderne. Me présentant comme une connaissance au gardien de l’expo, je rentre, un peu hébétée de cette soudaine chance. Je découvre à l’intérieur, dans une ambiance feutrée à dominante mauve, les premiers objets d’art Phéniciens, les premiers modes et supports d’expression ainsi que les sarcophages de ce peuple, des sarcophages anthropomorphes (représentant l’image et le corps du défunt), semblables à ceux des Egyptiens. Surprise, j’apprends que les Phéniciens sont également passés en France, à Marseille. Après une heure, et quelques découvertes plus tard, je ressors de cet espace…Encore surprise de l’opportunité et ravie de l’exposition ! Mon passage à l’Institut du Monde Arabe s’achèvera autour d’un thé à la menthe et quelques gâteaux Arabes (en tout bien tout honneur), à discuter avec cet employé résolument sympathique. Décidemment, Paris semble décidée à me sortir de mon a priori et à m’offrir ses plus agréables visages.



- 19h00, direction Beaubourg :

Je repars ravie rejoindre Rachel pour aller voir le vernissage de l’exposition de Louise Bourgeois, au dernier étage du Centre Georges Pompidou. Sur notre chemin, nous faisons une escale à un Starbuck coffee - leader mondial de la distribution, de la torréfaction et de marques de café - dont j’entendais depuis longtemps parler sans vraiment connaître. Ces bars où de multiples spécialités de cafés, cappuccinos, chocolats et autres sont proposés et où le client peut ensuite rajouter des épices et aromates à sa convenance. Là, en terrasse et à deux pas de Beaubourg, une vieille dame vient nous agresser verbalement de manière virulente pour obtenir des sous. Un peu démunies, elle insiste auprès de Rachel et moi-même jusqu’à ce que les six jeunes hommes typés et originaires du 93, assis à côté, viennent à la rescousse. Un sacré pied de nez aux clichés et aux propos racistes trop souvent entendus. Remerciements effectués, nous nous rendons voir les sculptures déroutantes de la grande plasticienne. Du haut de ses 96 ans, l’artiste française émigrée aux Etats-Unis présente ici des œuvres de toute sa carrière, des sculptures ou des performances exprimant pour la plupart ses ressentiments vis-à-vis de son père. Troublante exposition ; sombre, profonde et intimiste. Cette journée, harassante comme celle d’hier, mais toujours aussi plaisante s’achèvera dans un restaurant de spécialités de pâtes, près des Halles. Demain signe déjà mon départ, déjà…Le temps semble passer plus vite ici !



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