dimanche 30 septembre 2007

L’Odyssée du Danube – septembre 2007

Il y a des expériences qui nous confrontent de plein fouet à l’incommensurable limite des mots, s’il en est une, je vous présente l’Odyssée…

Un rêve de gosse

L’Odyssée du Danube, troisième volet d’une biennale débutée en 2001 à l’initiative de l’Institut International du Théâtre Méditerranéen, s’est achevé le 15 septembre dernier après quinze jours de navigation entre Vienne et Bucarest. Quinze jours durant lesquels la vieille Europe et les nouveaux entrants que sont la Bulgarie et la Roumanie ont été rassemblé par l’intermédiaire des arts. Quinze jours d’une épopée épique qui nous a amené dans les grandes cités Slaves - Vienne, Bratislava, Budapest, Belgrade, Svishtov - jusqu’à proximité de la mer noire avec la Roumanie. Parmi les quelques cents personnes embarquées à bord, saltimbanques de tout pays – journalistes - hommes de lettres ou politiques, me voici donc, enthousiaste, émerveillée et emplie de la conviction qu’être ici est une chance. Le périple ne viendra que confirmer ce pressentiment. Quel meilleur message en effet que celui de paix à l’heure où la guerre ronge, parfois en silence, certains pays. A l’heure où la bêtise humaine enfle au péril de trop nombreuses vies. Le Theodor Körner, navire fluvial sur lequel nous allons embarquer, est un bateau pour la paix, un vaisseau lumière dans une société fantôme qui porte en lui l’espoir d’un avenir meilleur. Un avenir où l’Homme serait réconcilié avec lui-même et où l’humanité reprendrait sa place centrale pour une intercompréhension entre les peuples…

Plus qu’un drapeau, un symbole

Une première soirée s’est écoulée où chacun a pu prendre ses repères dans les couloirs du Theodor. Ca y est, le départ est proche et tout le monde se presse sur le pont pour observer ce symbolique instant. Après un solennel discours de Richard Martin, directeur du théâtre Toursky, instigateur de ce projet et maître des lieux, le drapeau arborant le message « Un bateau pour la paix » se hisse lentement et en musique à l’avant du navire tandis que celui-ci prend le large. Aurevoir Vienne…Bonjour le Danube…Nous voguons à présent en direction de la Slovaquie. Cette cérémonie passée, l’aventure pouvait commencer forte de son message fraternel et emplie d’un doux effluve de paix qui semble déjà envahir les participants. L’atmosphère n’est que quiétude et chaleur humaine, chacun se parle, se regarde, s’interroge…s’apprivoise. Dans le Panoramic Bar, cet espace cossu affichant sièges en cuir, décorations florales et moquette estampillée « TK » pour Theodor Körner et non pas pour Toursky – fabuleux hasard que le metteur en scène Wladyslaw Znorko ne manquera pas de relever - chacun prend sa place et ce lieu se transforme vite en un univers surréaliste où se chevauchent toutes les langues dans un rocambolesque brouhaha. Français, anglais, espagnol, arabe, allemand, roumain et j’en passe…Comme dirait le rappeur Soprano, nous sommes entrés en « Cosmopolitanie ». Chacun prend ainsi peu à peu sa place ; leader ou suiveur, expressif ou timoré, acteur ou spectateur. Comme une micro société, rassembler des humains dans un bateau pendant des jours constitue un véritable laboratoire d’étude des comportements. Mais fermons cette fascinante parenthèse ! Dans cette ambiance bon enfant, ce navire fluvial, cet inconnu, va se transformer en quelques heures en véritable antre familiale où chacun semble se sentir à son aise. Et ça n’était que le début…

L’art pour l’échange entre cultures

C’est donc dans cette apaisante ambiance que le périple continua, de minutes en minutes, d’heures en heures, de jours en jours…Car il faut savoir qu’ici le temps avait perdu sa montre. Les heures se métamorphosaient en minutes et les minutes en secondes, comme si le bonheur se voulait toujours trop fuyant, trop fugace ! Même les jours avaient perdu leur ordre…Mais quel jouissif abandon que cette perte de repères ! Nos escales étaient rythmées - plutôt trop que pas assez d’ailleurs - entre les représentations de nos artistes embarqués et les cadeaux culturels que nous offraient nos accueillants. C’est ainsi que nous eûmes droit à des instants d’une émotion si forte qu’on peut parler ici d’instants d’éternité. Le spectacle de Richard Martin, Marie-Claude Pietragalla, Julien Derouault, Didier Lockwood et Caroline Casadesus autour de l’enivrant texte de Léo Ferré « La mémoire et la mer ». Une performance où se mêlent avec une symbiose ultime la poésie, la musique, le chant et la danse, donnant au texte encore plus de corps. Ou bien encore au travers des « flammes du désir », spectacle pyrotechnique dansé proposé par Raymond Laub du groupe F et la danseuse Chimène Costa, au sein duquel la femme est sublimée pour devenir l’icône de l’infinie sensualité. Mais aussi, « Rubayat » mis en scène par Maïa Morgenstern qui incarnait il y a quelques mois Marie, mère de Jésus, dans « La passion du Christ » de Mel Gibson. Elle nous présentait ici, accompagnée de son fil Tudor Istodor, cette pièce tragique du philosophe-poète Omar Khayyâm. Cette œuvre tourmentée qui nous entraîne comme un tourbillon dans nos questionnements, nos angoisses les plus profondes. Quelle est ma place dans l’univers ? Pourquoi suis-je ici ? Pourquoi dois-je mourir ? Autant de spectacles pour autant de moments de partage entre les saltimbanques, ces « Odysséens », et les autochtones des différentes contrées traversées. Entre culture du sud et du nord, de l’ouest et de l’est, entre humains tout simplement…

De ces lieux où l’on se promet de revenir…

Les jours se succèdent et au hasard des escales, il y a des lieux qui nous bouleversent. Des lieux où une remise en question, une remise en place de la pensée s’impose. C’est ce que j’ai ressenti, éprouvé même comme une blessure en entrant dans Belgrade et comme un enchantement en foulant l’herbe trempée du port culturel de Cetate. Entrer dans Belgrade (Beograd en serbe translittéré signifiant la ville blanche) procure une bien étrange sensation…C’est à la fois un plongeon direct, sans concession, dans les horreurs de l’histoire et une confrontation avec une pauvreté omniprésente à laquelle se mêle la sensation de voir se dérouler devant nos yeux les images vieillies d’un film en noir et blanc. Belgrade est une de ses villes où la classe moyenne n’existe pas. Quel choc que de voir des murs portant encore les traces de balles, de passer à côté de bâtiments éventrés par les bombes et les noirceurs des anciens feux de haine…De ces anciens feux de la bêtise humaine – qui ne se sont toujours pas éteints. La télévision banalise les images de violence au point que nous en oublions la réalité qui, ici, nous rattrape vite, nous devance même. S’il est bien un endroit où l’Odyssée devait faire escale s’est ici, auprès de ce peuple meurtri qui porte, plus de dix ans après, les stigmates de la guerre. Insécurité nocturne voire diurne, contrôles draconiens des étrangers et méfiance de la part des serbes planent ici, comme si l’éminence de nouveaux affrontements était effective. Belgrade est la ville des contrastes, des paradoxes où les rues marchandes occidentalisées jouxtent les anciennes rues de la ville dévastée, et où les jeunes femmes au look européen côtoient des mendiants aux traits tirés…Après trois jours passés au cœur de cette ville, le cœur gros et l’âme torturée par les visions auxquelles renvoie cette escale, je quitte Belgrade en me promettant d’y retourner. Notre voyage continue en direction de la Roumanie. Pays qui allait nous offrir un fabuleux trésor…Cetate. Cetate a été l’escale mémorable pour l’ensemble des « Odysséens ». Un véritable paradis sur Terre où nous sommes arrivés sous une pluie battante, dans cette sorte de brouillard accompagnant souvent la rive des fleuves par temps de pluie, de ces embruns qui renvoient à des univers enchantés, peuplés d’elfes et de bonnes fées. Ici, ça n’était pas des fées qui nous accueillaient mais de généreux musiciens Tziganes qui jouaient des airs traditionnels sous cette terrible averse, le sourire jusqu’aux oreilles. Quel fantastique accueil, surréaliste même ! Nous débarquions dans la propriété du poète Mircea Dinescu, personnalité Roumaine bien connue ayant échappé de peu à la mort sous le régime de Ceausescu. Cet endroit perdu quelque part sur une rive du Danube, niché au cœur d’une forêt dense où réside de temps à autre des artistes, où les animaux sont légion et où l’amour règne en maître. Un « no man’s land » du bonheur où le temps s’est arrêté, où le premier distributeur de banque est à 30 kilomètres. Un « ailleurs » indicible où un port a même été crée pour l’occasion alors qu’aucun bateau n’avait accosté ici depuis 50 ans. De l’abyssale limite des mots je ne disserterai pas, elle est effective…ici.

Un véritable laboratoire artistique mouvant

Ce sont de ces rencontres fraternelles, de ces lieux uniques, de ces moments partagés que les artistes se nourrissaient pour enrichir les créations de ce laboratoire artistique. Car le Theodor Körner était bien un lieu d’expérimentation où une ambiance onirique venait nourrir les âmes créatrices. Musiques du monde avec l’Orchestre International qui, à chaque escale, proposait son concert, toujours plus étoffé dont les airs ont d’ailleurs envahi nos têtes jour et nuit pendant et après le voyage. Mais aussi, le marathon de la poésie où tout un chacun pouvait venir lire des textes de théâtre, des poèmes…Une rencontre quasi quotidienne qui va donner naissance d’ici quelques mois à une anthologie de la poésie. Ce laboratoire flottant a véritablement fait voguer les âmes et révéler les essences créatrices pour que la musique résonne jusqu’au bout de la nuit, lorsque les novices improvisent avec les musiciens confirmés pour créer et rêver toujours plus, sans limite…Le dramaturge Eugène Ionesco avait bien raison : « Les idéologies nous séparent, mais rêves et angoisses nous rapprochent »…

Fraternité n’est pas qu’un mot

La descente du drapeau dans la nuit du 14 au 15 septembre scelle la fin de l’aventure. Symboliquement l’Odyssée, notre Odyssée de l’humain s’achève ici, maintenant… En cette heure tardive sur ce pont que le vent de la nuit vient rafraîchir, le Theodor Körner songe déjà à son quai d’amarrage. L’émotion est grande, outrancière même et me pousse alors au retranchement. En cette dernière soirée, le Panoramic Bar, le salon de notre nouvelle demeure, nous accueille une dernière fois pour nous offrir un ultime moment de délicieuse fraternité. Nous sommes à Giurgiu en Roumanie, notre dernier port d’attache et nous rejoindrons demain Bucarest d’où nous nous envolerons pour rejoindre nos contrées respectives. Quinze jours se sont ainsi écoulés sur ce bateau devenu, le temps d’un doux rêve, notre maison. Quinze jours entre partout et nulle part. Dans un ailleurs qui n’existe qu’ici, entre ces deux rives du Danube, sur ces eaux magiques, à la fois calmes et tourmentées – généreuses et secrètes qui nous ont transporté aux confins d’un univers utopique, enchanteur et enchanté, qui a sans nul doute réveillé nos cœurs endormis par cet individualisme grandissant. L’Odyssée est un pays sans frontières où toutes les barrières sont levées. Main dans la main, bras-dessus bras-dessous, ceux qui ne se connaissent presque pas s’enlacent déjà dans un tourbillon d’amour fraternel, les yeux rêveurs et le sourire aux lèvres. L’Odyssée du Danube est un Odyssée du cœur, un univers mouvant et sans limite où se rejoignent en chœur tous les possibles ! Inopinément et de manière insoupçonnée, cet Odyssée a révélé une humanité méconnue et bouleversante. Fraternité, partage entre culture, joie de rencontrer cet autre finalement si semblable…j’y croyais comme on croit en un doux rêve…maintenant je le sais, l’Odyssée est un chamboulement qui change irrémédiablement le rapport à l’autre et le regard sur l’humain. Fraternité n’est pas qu’un mot, elle se ressent, se vit, se partage comme un nouveau souffle vers l’éventualité d’un avenir meilleur…

dimanche 2 septembre 2007

Première foulée pour le marathon de la poésie

La course est enfin lancée…Une première réunion s’est effectivement tenue, aujourd’hui, au centre culturel de Hainburg, à proximité de Vienne en Autriche. La « Fabrique à culture » (Cultural Fabrik) et Piero Bordin ont reçu l’ensemble des poètes, poétesses et comédiens embarqués à bord du Theodör avec tous les hommages et leur amitié. Dans ce nouveau lieu de la culture en Autriche, les premières pierres ont été posées et scellées dans un élan de fraternité.
Ce marathon, véritable chevauchée poétique, permettra à n’en pas douter aux saltimbanques de faire découvrir les textes de Méditerranée et d’Europe qu’ils portent haut et fort dans leur cœur. Avec partage, fraternité et sensibilité comme maître mot, l’échange poétique interculturel s’annonce artistiquement et humainement riche. Que les frontières politiques, institutionnelles et culturelles s’abattent sous les vers de nos artistes des mots. Que le pouvoir de la rime résonne dans les esprits et les cœurs jusqu’au bout du périple et après…pour la paix et l’amour entre les peuples.

vendredi 31 août 2007

Quelque part au-dessus de la Terre...

C’est ici que tout commence…Enfin, ça y est nous sommes partis, il est 13h nous nous apprêtons à survoler la Suisse. Premier vol en avion et une incroyable impression de flotter au-dessus d’un champ de coton ou de voir se dévoiler sous mes pieds un paysage recouvert d’une épaisse pellicule de neige dont seules les montagnes viennent ôter la virginité.
Si les nuages peuvent symboliser l’univers du rêve et de nos désirs les plus profonds, ce trajet qui me conduit vers l’Odyssée du Danube commence donc symboliquement dans les airs…
Face à cette immensité nébuleuse, ma première pensée est que nous ne sommes vraiment que des pions…Perdue en plein air, survolant tour à tour les plus hauts sommets des Alpes, le lac de Zurich et les grandes étendues verdoyantes du sud de l’Autriche, on devient à la fois tout puissant et bien peu de chose. Un pion lancé dans l’air et abandonné aux caprices de la nature et de la technique créée des mains de l’Homme…en ce jour de départ pour un rêve, cela me semble aussi effrayant que superflu.
Je ferme les yeux et m’imagine alors hors de cette carlingue. Je flotte librement et trace mon chemin à travers les routes, célestes et sinueuses, que dessinent les nuages. Telle une face cachée, secrète, mystérieuse et insoupçonnée de la planète Terre, ce paysage qui s’offre à moi semble clandestinement habité. Par qui ? Par quoi ? Certainement par la poésie de la nature qui, laissée à sa propre expression, semble dire beaucoup…Dieu que c’est beau la Terre vue du ciel !

mardi 21 août 2007

"Vie en kaleidoscope" reprend vie...

Non, non...Je n'ai pas abandonné mon blog! Celui qui me permet d'écrire comme je veux, comme je peux, reprend du service en cette soirée d'août!
Il s'en est passé quelques semaines sans avoir le temps d'écrire le moindre mot et comme à l'accoutumée, cela commence terriblement à me manquer...
Prise et éprise par le projet Odyssée du Danube sur lequel je m'attele depuis maintenant plus d'un mois, le temps m'a manqué pour venir enrichir mon "p'ti média". Mais c'est promis je suis résolument de retour!

Le périple sur le Danube approche donc puisque nous partons dans dix jours maintenant. Mon dieu que l'excitation est grande! Je me sens presque comme une enfant qui ne trouve pas le sommeil la veille de nöel! Les préparatifs s'accélèrent et le projet a bien pris forme...Beaucoup de travail, d'acharnement (de fatigue aussi)...mais surtout beaucoup de fierté finalement de contribuer et participer à un tel projet, incommensurablement riche sur le plan artistique et humain. Dans la masse de travail que l'Odyssée représente, je n'ai pas oublié la beauté de cette initiative fraternelle et surtout que sans certaines personnes, je ne serais pas de la partie! Alors encore une fois...Merci!

Au fil des escales, j'essaierai donc de vous retranscrire mon quotidien sur le bâteau, mes ressentis, les temps forts, les rencontres...Comme un carnet de bord, j'essaierai de vous faire vivre ce qui sera pour moi une expèrience résolument unique. De celles qui restent à tout jamais gravées dans l'esprit, dans le coeur. Une aventure qui, à n'en pas douter, viendra nourrir mon âme, modifier ma vision de l'humain et ouvrir toujours plus le champ des possibles...

jeudi 5 juillet 2007

Le caméléon Nosfell envoûte Le Poste à Galène

Labyala Fela Da Jawid Fel, plus communément appelé Nosfell, artiste éclectique et mystérieux, âgé d’à peine 28 ans s’est déjà incarné comme un guitariste hors pair et comme une emblème de la nouvelle scène rock alternatif Française. Le 27 juin dernier il était parmi nous à Marseille, venu envoûter les planches du Poste à Galène…

Un univers fantasmagorique

Nosfell, fils de Lugina, l’une des sept forces de l’île de Klokochazia, est un Être des plus atypiques. Une véritable énigme qui fait de lui un musicien à l’aura démentielle. A chaque concert, à chaque nouvelle chanson, il nous entraîne dans son univers psychédélique perdu dans les contrées du pays de Klokochazia. Klokochazia, cette île entourée de plusieurs petits îlots, bouts de terres non gérés par des hommes, mais par leur propre histoire. Cette histoire prend vie sur scène, au travers des paroles de Labyala Nosfell, « celui qui marche et qui guérit ». Car Nosfell est autant chanteur que conteur. Et ce n’est pas sans plaisir que le public se délecte des intermèdes narratifs qui escortent ses chansons. Ses chansons où le Klokobetz, langue de Klokochazia, se mêle allègrement à l’anglais et au français. « On n’y comprend rien », diront peut-être certains. Mais l’important n’est pas ici de comprendre, mais de percevoir et de s’approprier comme l’affirme l’artiste. Un univers où l’imaginaire de chacun peut donc résonner en toute liberté.

Une « bête » de scène

Mais Nosfell n’est pas qu’un chanteur…Aussi habile avec sa voix, ses instruments que son corps, il est une véritable bête de scène qui captive partout où il passe. Lui qui a d’ailleurs déjà fait les premières parties de Tryo ou bien encore des Red Hot Chili Peppers. Véritable caméléon vocal déambulant sur scène tel un reptile, il impressionne autant qu’il peut faire peur. Sa voix tantôt virile peut, le temps d’un accord, se muer en voix féminine ou enfantine. Capable d’enchaîner vocalises d’une finesse époustouflante et cri guttural au son de la guitare…Est-ce que cette voix sort bien de ce corps ? Pourrait-on se demander tellement ces mutations lui semblent aisées. Dans cette valse sonore, on passe de paroles slamées à du beat box pour revenir à un rock, puissant et féroce. La musique de Nosfell, tel un tourbillon, se vit et transcende. Maître de « l’auto-sampling », il boucle ses voix et les instruments en direct pour une expérience acoustique toujours renouvelée. Non décidemment, ce drôle d’animal venu d’une étrange planète mérite bien les applaudissements qu’il récolte…

Vous pourrez redécouvrir ou découvrir cet artiste hors norme lors des nombreuses scènes qu’il va ensorceler à partir de cet été. Retrouvez toutes ses dates sur son myspace : http://www.myspace.com/nosfell

Max Black : un concerto pour explorateur effréné

Hier soir encore, le festival de Marseille nous offrait un de ces joyaux du théâtre contemporain aussi saugrenu qu’ingénieux au travers du nouveau spectacle de Heiner Goebbels, Max Black. Heiner Goebbels, celui-là même qui nous exposait l’an passé Eraritjaritjaka reçu alors avec succès, en remet donc une couche aux côtés de son acteur fétiche André Wilms. Embarquement pour un peu plus d’une heure dans le cerveau black de Max…

Une machinerie de l’esprit

Max Black, scientifique Russe ayant réellement vécu, est la trame de ce système tortueux offert à nos sens. Non seulement à la vue, mais aussi à l’odorat, l’ouïe…le toucher presque. Max Black est une machinerie de l’esprit élégamment portée par les écrits de Paul Valéry, Ludwig Wittgenstein et Georg Christoph Lichtenberg. A la question : Que fais-tu tout le jour ?, Paul Valéry répondait : « Je m’invente » et Max Black, en philosophe pyromane, s’invente au fil de sa mathématique visionnaire, de ses lectures et de sa machinerie infernale, véritables stigmates de sa pensée alambiquée. Max est une sorte de génialissime professeur fou, enfermé dans son laboratoire aux allures invraisemblables d’un vivarium, de cabaret des 50’s et d’un entrepôt abandonné. Affairé à la recherche de la vérité universelle, il enchaîne ses réflexions à une rapidité démentielle, les mots fusent, filent et s’enfuient. Témoins des entrelacements de son âme et de sa pensée psychédélique. « Je fais tout vite ou je ne fais pas » nous confie t-il. Tel le feu, la pensée de Max Black est fugace, insaisissable car « La nature a horreur du vague ». Les choses n’existent que dans l’immatérialité, l’instantané…et là se trouve les secrets du monde et les mystères de l’Homme.

Un engrenage bien ficelé

« Max Black c’est assez rock’n roll » concède donc André Wilms, oui mais un rock dont les pas sont comptés. Tout dans cette machinerie déstabilisante est orchestré avec génie et dextérité. Des sons énigmatiques, aux effets de lumière en passant par les diverses animations pyrotechniques, tout est synchronisé à la seconde près. Avec Heiner Goebbels comme maître d’œuvre tout s’anime comme par enchantement, les paroles, les objets, les feux, les ombres et les sons. Ces sons, tantôt fait de bric et de broc en frottant un archer sur le bord d’un vinyle, tantôt rappelant l’atmosphère anxiogène des films de Kubrick, nous entraînent dans le bouillonnement de Max. Les carreaux lumineux s’allumant de temps à autre au sol, véritable échiquier à taille humaine, venant certainement nous rappeler que nous ne sommes que des pions et que la vérité universelle, telle le feu, est pour nous imperceptible. Sur ce plateau désordonné, qui finalement ne l’est pas tant, André Wilms a littéralement mis le feu aux planches, au sens propre et figuré. Heureux de profiter de la liberté formelle que lui offrent les œuvres de Goebbels, il met visiblement tout son cœur à l’ouvrage. Nous regretterons juste l’utilisation du micro, dont la nécessité peu avérée altère la voix du comédien et par la même le réalisme du ton. Mais dans les rouages d’un spectacle aussi bien mené, il faudrait bien plus pour mettre de l’huile sur le feu…

mercredi 4 juillet 2007

Dawta Jena & Urban lions célèbrent la musique

Une petite vidéo de Dawta Jena & Urban Lions, groupe dont vous pouvez toujours retrouver l'interview de Jena, leur leader, dans la rubrique du mois d'avril. Cette séquence de concert prise lors de la fête de la musique, vous donne un avant-goût de la chanson phare de leur nouvel album Halleluhjah...N'hésitez plus, il est dans les bacs!!!

mardi 3 juillet 2007

Tosca : de Rome à Peynier

Pour cette deuxième édition des Nuits musicales de la Sainte-Victoire, le village de Peynier a reçu six soirées avec un point d’orgue les 28 et 30 juin lors de la représentation de Tosca en version de concert, Eve Ruggieri dans le rôle de récitante. Un moment magique dans un décor aussi mystérieux qu’envoûtant…

Un théâtre hors pair

Une forêt énigmatique dans les hauteurs du pays d’Aix, une forêt dense au pied de la montagne Sainte-Victoire, cet amas rocheux qui a inspiré tant d’artistes. Et là, posé en plein milieu un théâtre de verdure, orfèvrerie paysagère qui opère la rencontre entre l’art et la nature. Les Nuits musicales de la Sainte-Victoire, ce tout jeune festival, c’est la rencontre de l’art lyrique et d’un lieu atypique. Un de ces endroits où l’on s’attend à voir une fée clocheter derrière le tronc d’un arbre centenaire, un de ces endroits où le talent est forcément au rendez-vous. Séduit par ce projet atypique Christian Burle, maire de Peynier, a alors mis tout son enthousiasme dans sa réalisation. Et cette année, Eve Ruggieri, personnalité du petit écran qui a voué sa carrière à la découverte de la musique est venue soutenir le projet. Cette voix coutumière, pour les épris de grandes œuvres lyriques, est venue nous conter l’histoire de Tosca tandis que l’orchestre de l’Opéra national de Lviv en Ukraine et son chef d’orchestre Grigori Penteleitchouk débarquaient en France pour nous offrir tout leur talent.

A la découverte de jeunes talents

A leurs côtés, de jeunes talents, déjà connus ou en voie de le devenir. Une occasion unique pour eux de partage avec le public dans cette atmosphère qui se veut intimiste. Une première Tosca même pour le cadet de notre quatuor, Andeka Gorrotxategi-Azurmendi. Un jeune espagnol de 29 ans à la tessiture de ténor, casté il y a quelques mois par Eve Ruggieri au Cnipal (Centre national d’insertion professionnelle d’artistes lyriques). Une voix rêvée pour ce rôle de Mario Cavaradossi, peintre dont la cantatrice Floria Tosca est éprise. Car la Tosca de Giacomo Puccini, c’est tout d’abord une histoire d’amour à mort. Un amour impossible qui mènera la cantatrice Tosca jusqu’au suicide. Tosca, opéra en trois actes, créé le 14 janvier 1900 au Teatro Costanzi à Rome et troisième œuvre de l’artiste Puccini constitue la première tentative qui relève du Vérisme. Le Vérisme, ce mouvement artistique Italien de la fin du XIXème qui rejetait tout idéalisme. Ainsi, de Rome à Peynier, un siècle d’histoire plus tard, Mario Cavaradossi et Floria Tosca (Adina Aaron) ont enthousiasmé le public de ce théâtre de verdure par la puissance et la justesse de leurs voix. Seul un Imer Katcha avec une voix un peu affaiblie, dans le rôle du baron Scarpia, a alangui la performance. Mais dans ce lieu surprenant, véritable invitation au lyrisme, la musicalité de l’œuvre de Puccini et le talent partagé l’ont néanmoins emporté. Nous souhaitons donc de longues années d’existence à ce festival qui se veut un appel à la découverte de l’art lyrique avec un prix d’entrée unique de 20€.

lundi 2 juillet 2007

Konnecting Souls

L'an dernier, Franck II Louise proposait 1st Konnexion dans le cadre du festival de Marseille, un spectacle reçu alors avec succès par le public. Pour cette douzième édition du festival, le danseur et chorégraphe a transformé l'essai avec Konnecting souls présenté au parc Henri Fabre. Un spectacle "ovni" utilisant avec brio le talent des danseurs et les potentialités offertes par les technologies numériques.

S'éloigner du hip-hop pour mieux l'étudier

Franck II Louise, aujourd'hui installé à Marseille, est un pionnier de la scène hip-hop en France. D'abord danseur, il s'adonne rapidement à la composition musicale en tant que DJ et créera des musiques pour les plus illustres compagnies hip-hop. Se lançant dès 1998 dans la création chorégraphique, l'envie de lier ses deux passions que sont la danse et la musique s'imposera naturellement d'elle même. Cette singulière envie devenue forte obsession ne le quittera plus. S'éloignant alors de la culture hip-hop dont il est issu, il entamera ses recherches en tant que chorégraphe. Ses deux premières compositions Instinct Paradise et Drop It, où le maître II Louise sera à la fois chorégraphe et compositeur, seront un véritable succès et pousseront l'artiste à expérimenter plus encore l'alliance du mouvement et du son. "Un corps qui danse est un corps qui chante, mais muet. J'avais besoin d'entendre plus que ça" déclare celui-ci. A ce désir d'une plus grande musicalité du mouvement, les technologies numériques sont venues rendre un fier service. Six ans de recherche avec l'IRCAM (l'Institut de recherche et de coordination acoustique/musique) ont néanmoins été nécessaires pour mener à bien cette aventure hors du commun où danse et musique sont en parfait équilibre. Les différents capteurs en place et le geste devient note. Un système qui n'est pas novateur puisque des tentatives ont été expérimenté par d'autres danseurs, chorégraphes ou performeurs, mais un projet mené avec conviction et à la sueur de leurs fronts après des heures de réglages pittoresques et de répétitions pointilleuses.

De l'animalité à l'humain androïde

Dans ce spectacle irrémédiablement singulier, Franck II Louise nous propose un humain à la fois animal et robot. Bestial dans ses déplacements au ras du sol, déambulation proche de celle du singe. Robot par l'arsenal de câbles et de capteurs qui recouvrent la peau de ces danseurs. Une dualité abordée avec audace dans cette pièce qui offre une conception nouvelle de la danse hip-hop. Une conception bien éloignée du hip-hop tel qu'il est né dans les ghettos noirs New-yorkais, comme une danse qui mêle aspects festifs et revendicatifs. Ici Franck II Louise se sert du hip-hop pour sublimer les corps et pour qu’ils se transforment en véritables human beat boxes. Equipés de capteurs de mouvements, les quatre danseurs créent les sons en temps réel pour un rendu époustouflant, voire invraisemblable dans les premières minutes de représentation. Les sons créés s'apparentent alors à de vraies mélodies, à du beat box ou bien encore à des bruits que l'on croirait sortis de la bouche de primates. Un spectacle impressionnant tant sur le plan artistique que technique où les danseurs sont au sommet de la maîtrise de leurs corps. Pas un faux pas, pas une fausse note! Littéralement embarqué sur un vaisseau ovni, le public ne voit pas passer l'heure de spectacle. Dans l'univers du maître II Louise, le temps a perdu sa montre et l'homme est devenu mutant, à la fois tout puissant sur son art et rendu à son état primaire. Danse et théâtre se mêlent donc dans ce rendez-vous chorégraphique d’un nouveau type où la recherche ne se limite pas la danse mais aux thématiques abordées. Konnecting souls, pour des âmes connectées...Entre elles? Avec les corps et la musique? Avec le public? Dans cet univers inédit et surprenant oscillant entre celui du reportage animalier et celui de Matrix, à vous de choisir...

crédit photo : Agnès Mellon

dimanche 1 juillet 2007

L'important c'est d'aimer...

Il y a des périodes où l'encrier est vide et d'autres où les idées fusent et nous assaillent sans prévenir, en voici une...Une qui m'a surpris et a jailli dans ma tête dimanche dernier dans ma salle de bain (comme ça vous saurez tout...). Une idée qui ne m'a pas laché jusqu'à cet après-midi où le temps m'a permis de lui donner vie. Envie donc de tenter d'écrire un poème avec les titres de chansons qui me touchent ou m'ont touché, des chansons qui ont jalonné ma vie jusqu'à présent. Après une petite sélection bien obligatoire, voici le résultat (sans trop de surprise finalement pour moi quant à la signification finale)...mais je vous en laisse juge. Bonne lecture!

Une lettre à France où c'est un peu la zizanie,
une lettre à une France décalée où l'on a pu mourir pour des idées.
J'accuse l'homme pressé d'avoir perdu son sixième sens,
de ne plus rêver et de ne choisir entre vivre ou survivre.
Personne ne sait où l'on ira,
mais c'est une belle journée.
Un instant suspendu dénué de temporalité.
Encore un matin ou un samedi soir sur la Terre
Et alors...Qui sait? Qui saura de quoi demain sera fait?
Moi dans ma soif de la vie, j'ai tout oublié.
Allez viens! Soyons zen...
Les copains d'abord et un zeste de courage
3 nuits par semaine et encore & encore,
même à bout de souffle on continuera en chantant...
notre chanson pour l'Auvergnat.
Souvenir d'enfance mais des souvenirs devant!
Même si de temps en temps, mon sos d'un terrien en détresse vient demander à la lune de nous souffler un mistral gagnant,
il y a des moments où l'on y peut rien.
Moi j'ai choisi de vivre et lutter jusqu'au bout de mes rêves...
Les mots dans le coeur, dans la peau comme une question d'équilibre.
Sans contrefaçon, l'important c'est d'aimer!!!