dimanche 4 novembre 2007

Le Mexique a fêté les morts à Marseille

Du 1er au 8 novembre et pour la troisième année consécutive, Marseille a mis le Mexique à l'honneur à l'occasion de la fête des morts. Car à la différence de la France, la période de Toussaint est une joyeuse fête au Mexique. Ce festival, initié par l'acfm (association des cultures Franco-Mexicaines); parrainé par M. Andrès Henestrosa -grand écrivain mexicain âgé de presque 101 ans - soutenu par M. Carlos De Icaza et représenté par Yvan Romero - consul honoraire du Mexique à Marseille - s'annonce être une manifestation riche en partage et création où un point d'honneur est donné à l'interactivité. Invitation directe au voyage pour un véritable plongeon dans les traditions séculaires de la culture mexicaine...

La Toussaint Mexicaine ou comment fêter la mort

"La mort n'est pas triste chez nous" précise Ramon Solano, irrésistible mime mexicain. Le ton est donné...Cette période du début d'automne qui, chez nous en France, respire la tristesse et où le poids de la tradition nous pousse -nous impose presque - à revenir fleurir les tombes et à pleurer à nouveau nos défunts, est une fête au Mexique. Cette fête des morts puise son essence au coeur de la légende de l'humanité. Cette légende qui serait née des ossements des ancêtres mexicains mêlés au sang de Quetzalcoatl - la plus haute divinité aztèque - renfermerait les clefs de la philosophie mexicaine précolombienne qui ne dissocie pas la vie de la mort. La mort est une continuité logique, une sorte de seconde phase de vie qu'il ne faut donc pas pleurer. Depuis ce temps, lorsque l'heure de la Toussaint retentit, on vient faire des offrandes et chanter près des tombes pour fêter les morts. Cette cérémonie s'étendait naguère sur presque un mois offrant d'abord une fête aux enfants disparus - c'est le Miccaihuitontli - les adultes défunts, eux, étaient fêtés quelques vingt jours plus tard - lors du Hueymiccalhuitl. Avec les siècles et les successives conquêtes, ce mythe a évolué pour se nourrir des traditions indiennes et espagnoles qui ont fait fusionner ces deux fêtes en une unique, la Toussaint.

D'étranges créatures animaient le vieux port

Le parvis de l'hôtel de ville et le quai le jouxtant étaient noirs de monde jeudi et vendredi dernier. Il faut dire qu'il y avait de quoi...De nombreux artistes mexicains s'étaient donné rendez-vous pour l'occasion afin de faire le spectacle. Cirque, danse, théâtre, arts de la rue et musique ont fait la fête aux morts devant un public marseillais comblé. Ramon Solano, l'attendrissant mime mexicain, a rendu l'assemblée hilare en mimant tour à tour les attitudes féminines et masculines, en invitant deux spectateurs à monter sur une moto invisible ou encore en imitant tout simplement les passants. Montserrat Diaz, la statue vivante, véritable oeuvre d'art aussi figée que réelle a quant à elle rendu perplexe les plus jeunes : "Et maman, elle est vivante la statue??" entendait-on dire sur un ton naïf et étonné. Les ateliers de création d'objets typiques mexicains, les différents stands et les projections de films sur un rideau d'eau ont rassemblé tout autant de monde, visiblement satisfaits de célébrer la Toussaint autrement. Après une première phase aussi réussie, la Toussaint mexicaine a clôturé avec entrain ses festivités Marseillaises au Théâtre Toursky le dimanche 4 novembre pour continuer du 6 au 7 à Lyon et le 8 novembre à Carnoux en Provence.














Le Toursky à l’heure Mexicaine

Quinze heures sonnaient et le hall d’entrée du Théâtre Toursky s’ornait de toute la gaieté des décors de la Toussaint mexicaine et de toute une ribambelle de personnes venues découvrir cette autre fête des morts. Autel aux couleurs criardes, Montserrat en statue fantomatique et Ramon déambulant avec son chien en peluche, le Mexique avait envahi l’antre du théâtre par son âme bariolée et sa chaleur humaine. Côté cour et côté jardin, au balcon ou à l’orchestre, la salle de spectacle était généreusement remplie. Le spectacle, composé par les quelques trente artistes mexicains présents, pouvait commencer…C’est le groupe Tribu qui inaugura les réjouissances avec leurs musiques et leurs sons oniriques qui ont entrainé le spectateur vers des sphères éthérées, mystérieuses et envoûtantes. Le texte et le théâtre s’invitait aussi à la fête par une lecture théâtrale et dansante de la légende du Quetzalcoatl sur les sons de Tribu. Après cette première création qui a amplement conquis le public, Ramon fit son entrée sur scène et il ne lui fallu pas plus d’une minute pour rendre l’ensemble de l’auditoire rieur et enchanté. Jouant ses grands classiques et improvisant au gré des opportunités, son intermède humoristique satisfit le plus grand nombre. Les festivités allaient se clore par les pérégrinations extravagantes de la troupe Mascaras entre sombras, qui nous présentait un spectacle inspiré des traditions de la Toussaint mexicaine où les géants – protagonistes de l’histoire - mêlaient coutumes mexicaines et humour désopilant, voire grotesque.
Après plus de deux heures de spectacle, les animations ont continué sur la terrasse du théâtre dans une ambiance carnavalesque et typiquement mexicaine – tacos, tortillas et bière « Corona » garantis – pour le plus grand bonheur des petits et des grands ! Non décidemment, fêter Toussaint au Mexique ne manque pas de piquant !!!


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