vendredi 9 novembre 2007

Exilio au Théâtre Gyptis

Pour ceux qui ne le savent pas encore, le théâtre Gyptis fête cette année ses 20 ans d’existence aux mains de Françoise Chatôt et Andonis Vouyoucas. Vingt ans de vie dans un quartier de Marseille pourtant difficile, vingt ans durant lesquels le théâtre a su conquérir son public, toujours plus nombreux à venir plébisciter la diversité des spectacles proposés. Et cette saison 2007/2008 porte haut et fort les couleurs de la pluridisciplinarité : théâtre bien évidemment, mais aussi musique et danse viennent enrichir ce florilège artistique. Après avoir ouvert la saison avec L’école des femmes - mis en scène par Jean-Claude Nieto - et reçu une première approbation du public, cette nouvelle année théâtrale continue au Gyptis avec Exilio, écrit et mis en scène par Sara Sonthonnax.

Exilio, c’est un plongeon dans le chaos et la déchirure de la guerre d’Espagne et dans les exils forcés des républicains sous le régime de Franco au travers des lettres adressés par ces réfugiés depuis les bateaux hôpitaux Marseillais. « Ce n’est ni une fresque historique, ni un documentaire » explique Sara Sonthonnax, mais plutôt une pièce où l’évocation domine. Un spectacle à mi-chemin entre la lecture théâtrale et la pièce de théâtre où l’humour et l’émotion contenus dans les mots sont rejoint par une interprétation très musicale du texte. Une œuvre qui veut faire réagir sans donner du déjà pensé, sans tomber dans l’illustration ou le psychologique et sans emphase. Pour la metteur en scène, « le respect des écrits est essentiel et la distance et la pudeur sont indispensables ».
Mais Exilio, c’est avant tout un coup de cœur inopiné pour des lettres entendues par Sara en 2004 lors d’une lecture publique au Cercle des catalans à Marseille. Des lettres plus communes que lyriques, des écrits qui, par leur apparente banalité, témoignent plus justement de ce qu’était le quotidien. C’est un coup de foudre mais aussi une irrépressible envie de témoigner de cette guerre trop rarement évoquée dans le théâtre – une guerre dans laquelle la France n’a pas toujours joué un glorieux rôle. « Donner de la voix par l’acte théâtral » précise si justement l’auteure. Redonner vie à ces voix disparues, faire entendre ce qui est resté enterré dans les entrailles des Archives Départementales jusqu’à ce que l’historien Jean-Jacques Jordi les retrouve en 2000.
A Marseille, où la population catalane et espagnole est importante, ce spectacle sera pour les plus jeunes une découverte et pour les autres une immersion passéiste vers un pan méconnu de l’histoire espagnole et française. Quel que soit l’âge, il sera riche d’enseignement et trouve par le hasard de l’actualité une justification toute méritée - le parlement espagnol venant enfin d’accorder la réhabilitation des tombes des républicains.

Ecrit et mis en scène par Sara Sonthonnax de la Compagnie Théâtre et Mémoires, interprété par Alfonso Rodriguez Gelos et Vincent Saint-Loubert Bié, ce spectacle aura lieu du 20 au 24 novembre 2007 à 20h30 le mardi, vendredi et samedi ; et 19h15 le mercredi et jeudi. Réservation au 04 91 11 00 91. A noter : La représentation du 21 sera suivie d’un débat en compagnie de l’équipe de création et de Benito Pelegrin – Professeur émérite des Universités, écrivain, dramaturge, traducteur et chroniqueur -qui témoignera de cet exil forcé qu’il a vécu enfant.

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