mercredi 30 janvier 2008

Des Idéaux


C’est la Compagnie Alzhar d’Aix en Provence qui occupait la scène du Théâtre Toursky dans la soirée du 29 janvier. Une troupe friande d’expérimentation théâtrale qui a construit ce spectacle à force d’ateliers et de rencontres au cours de soirées mensuelles d’échanges, d’écritures et de recherches communes. Des Idéaux propose de créer un monde où les idéaux se sont évanouis et où l’homme est laissé seul face à ses élans les plus vils. Une thématique pourtant inspirée et inspirante que la compagnie n’a pas su véritablement exploiter...

Sur cette scène occupée dans sa totalité et dénuée de véritable décor, les arts se mélangent : danse, chant, théâtre et musique. Un mélange bien souvent à la limite du tourbillon pour le spectateur qui ne sait plus vraiment où donner de la tête. Dans cette agitation, une question ressurgit constamment en écho : « Où en êtes-vous de vos idéaux ? », véritable épine dorsale de la pièce. Le public, muni d’une feuille de papier et d’un crayon peut alors tenter d’apporter sa propre réponse, pendant que sur scène les comédiens portent la leur. « Moi, mon idéal est de faire pipi sous les étoiles » dira l’une, « Moi mon idéal est d’atteindre la normalité. Celle montrée par la publicité…Mais un jour j’ai compris que ma différence était ma liberté » rétorquera l’autre. Une première réplique qui frise le ridicule et le non-sens, tandis que la seconde mériterait d’être approfondie…mais ne l’est pas ! On atteint plus tard le paroxysme de l’inintérêt lorsque l’un des personnages – nommé « O » père – dit à sa « O » fille : « Quand ton frère reviendra, vous baiserez ensemble ! ». Thématique érotique incongrue qui vient se greffer aux multiples redondances de l’idée dans le spectacle. Déposer les armes de nos idéaux, comme le revendique ici la compagnie, revient-il à être obnubilé par les questionnements d’ordre sexuel ? La question a de quoi laisser pantois…La joyeuse famille « O » offre ainsi au public ses multiples aventures : du combat de « O1 » et « O2 » (où il faut y voir un combat d’idéaux) aux déambulations frénétiques de certains acteurs aux allures de pantomimes, jusqu’aux sphères qui envahissent la scène, figurant certainement les différentes sphères et strates de la population. Entre positions grotesques et discours incohérents dans un parlé bien souvent à la limite du supportable, les noms d’Hannah Arendt et de Nietzche fusent sans trop savoir où retomber…

Tout est entrepris sans jamais aboutir à tel point que le propos de la pièce aurait été difficilement identifiable sans le document d’accompagnement distribué par la compagnie. Des Idéaux souffre d’une trop grande abstraction dans sa mise en scène qui le rend totalement hermétique à une partie du public – qui a d’ailleurs quitté la salle avant la fin de la représentation. On soulignera néanmoins un effort esthétique grâce aux costumes colorés et aux retransmissions sur rideau-écran d’instants filmés en direct qui forment des touches tels une peinture impressionniste. Un autre effort, musical lui, est à noter grâce à des improvisations inspirées aux accents expressionnistes. Malgré tout, l’ensemble manque véritablement de sens et de prise en compte du public. Grandiloquence du jeu et minimalisme scénographique y sont, eux aussi, mal conjugués. « Les i des o, les i dans les o », mais les idées…où ?

Aucun commentaire: